EVOLUTION DE LA FERME DU ROUVRAY

Les 20 et 21 mai 2017, Christophe et Vincent GOSSELIN ont invité les gens à visiter leur ferme laitière et porcine en marge d’un concours de chiens de troupeaux, située à Fervaches, dans la Manche.

Fin 1989, les frères GOSSELIN reprennent l’exploitation familiale laitière, alors en conventionnel.

Dès 1992 ils adjoignent un atelier porc (naisseur-engraisseur) avec les truies en plein air. Ils embauchent un salarié, construisent un bâtiment pour les truies.

Ils exploitent à ce moment là 70 ha, produisent 380000 l de lait et ont 120 truies.

Les comptes d’exploitation ne sont pas bons, notamment l’atelier porc qui accuse un déficit de 70.000 Frs (1996).

(Trois races de bovins : Normande, Holstein et Simmental) photo : Joël BELLENFANT)

Ils commencent alors une première transition pour les vaches laitières en passant en système herbager et mettent en place un cahier des charges agriculture durable.

Ils décident en2008 d’entamer une conversion bio, qui débutera en mai 2009 pour les bovins et en septembre 2009 pour les porcs. (Les porcs sont de race Landrice et Large White).

Ils obtiennent la certification bio pour les porcs en 2010 et en 2011 pour les bovins.

Actuellement outre les deux associés, deux salariés travaillent sur la ferme à temps plein ce qui leur permet de prendre chacun 4 semaines de congés par an, et de n’assurer une garde le samedi et le dimanche que toutes les 3 semaines.

Ils disposent désormais d’une centaine d’hectares, permettant à la ferme d’être autosuffisante pour les bovins et de n’acheter que 160 tonnes (sur 270 t) de céréales pour les porcs qu’ils transforment eux mêmes en farine sur l’exploitation, leur permettant ainsi de réduire les coûts de production.

(Porcelets à l’engraissement) photo : joël BELLENFANT

Bien évidemment les porcs sont élevés sur paille avec courettes extérieures pour les truies et les porcs à l’engraissement. Les truies mettent bas en cases bloquées et sont remises en liberté au bout de 8 jours. Elles mettent bas deux fois par an.

La nourriture des porcs est composée d’orge (80 t) de triticale (80 t) de pois (35 t) de féverole (35t) de son de blé (8 t) et de compléments protéiques et minéraux (30 t).

La fabrique d’aliments à la ferme pour les porcs a été édifiée en 2011, leur permettant ainsi de répondre aux objectifs de production et d’économiser de l’argent.

Ainsi de ce « moulin » sortent 4 sortes d’aliments pour les truies gestantes, un complémentaire allaitantes, pour les porcs en croissance, et pour les porcs en finition.

Le troupeau bovin est constitué de 70 vaches laitières (Normandes, Holstein et Simmental) produisant 392000 l de lait dont 375000 l vendus à Triballat et 17000 pour l’engraissement des veaux.

Il faut savoir que la plus grosse coopérative de collecte de lait bio est BIOLAIT qui ramasse 1/3 de la production, et que le prix payé est directement fixé et géré par les paysans.

La conduite du troupeau bovin permet de valoriser au maximum les prairies où il passe 10 mois par an, avec apport de foin et d’ensilage d’herbe l’hiver, et de l’affouragement herbe/colza.

L’atelier porc permet en rotation de vendre 600 à 700 porcs gras et 400 à 500 porcelets. Les truies sont remplies par bande de 15 produisant 120 porcelets dont 40 sont vendus et 80 engraissés sur l’exploitation. On constate en visitant cet atelier porcin, la quiétude et le calme qui y règnent, les animaux sont paisibles.

Certains porcs sont abattus et mis sous vide pour être distribués en vente directe, avec un laboratoire pour réaliser pâtés, rillettes et boudins en pots.

Depuis peu l’exploitation s’est équipée sur certains toits de panneaux photovoltaïques leur permettant de vendre 2 fois plus d’électricité qu’ils n’en consomment.

La rigueur de conduite de l’ensemble de la ferme leur permet de valoriser les 15 km de haies, sachant qu’elles se reconstituent tous les 15 ans. Il coupent et déchiquètent 1 km par an. La vente d’un tiers des copeaux finance le travail de coupe et le déchiquetage.

La pugnacité et la maitrise de l’exploitation permet aux deux associés et aux deux salariés de vivre correctement de leur travail.

La visite de cette ferme permet au premier coup d’oeil d’en constater la propreté.

(Partie du linéaire de haies – photo : joël BELLENFANT)

Désormais fort de leur réflexion permanente sur leur travail et la conduite de leur ferme Christophe et Vincent GOSSELIN ont décidé de ne plus s’agrandir. Ils auraient besoin de 55 ha supplémentaires pour produire la totalité des céréales pour les porcs, mais ils préfèrent laisser de la place pour permettre à un (e) jeune de s’installer.

Leur problème à terme sera la transmission de cette ferme dont ils ont la propriété foncière à hauteur de 35 ha avec les bâtiments.

Ceci permet, et d’autres exemples existent dans la Manche et ailleurs, de croire en l’avenir de l’agriculture biologique pour remplacer à terme l’agriculture productiviste.

Joël BELLENFANT

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