La caravane à vélo, de Plogoff à Fessenheim-Wyhl

Vous avez des jours libres en aout ou septembre, ce qui se passe à Fukushima
vous inquiète très sérieusement parce que, vous, vous êtes au courant de ce qui s’y déroule malgré le silence médiatique et politique, et au-delà de Fukushima dans l’ensemble du Japon ; vous pensez qu’il est urgent d’en tirer les enseignements et en particulier pour la France ; vous aimez le vélo, ou vous ne faites pas de vélo mais vous pouvez vous déplacer, alors n’hésitez pas, venez participer avec votre vélo, ou sans en étant présent au départ ou à une arrivée d’étape, à :

La caravane à vélo, de Plogoff à Fessenheim-Wyhl, des indignés du nucléaire de plus en plus inquiets.

Elle partira de Plogoff dans le Finistère le dimanche 5 aout dans l’après-midi après un pique-nique musical festif, pour rejoindre Fessenheim-Wyhl le samedi 8 septembre, après avoir serpenté le long de la transversale est-ouest en passant d’un site nucléaire à l’autre. Une promenade à vélo qui se veut joyeuse, humoristique et colorée avançant à un rythme pépère, et chacun à son rythme : 40 km en moyenne par jour, soit 4 heures de flânerie vélocipédique quotidienne (en gros 2 heures le matin, 2 heures l’après-midi).
Ses buts:
1) réveiller le souvenir des résistances victorieuses à la déraison nucléaire (Plogoff, Erdeven, Le Pellerin-Le Carnet , Wyhl, en ce qui concerne le trajet de la caravane),
2) exiger une date très prochaine pour le débat sur l’énergie promis par le candidat Hollande et qu’il soit d’une durée suffisante afin que nous sachions enfin tirer les enseignements des catastrophes nucléaires, et en particulier celles de Mayak, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima, surtout de
Fukushima ,
3) réclamer un dorlotement exceptionnel de tous les salariés des centrales nucléaires, y compris bien évidemment les intérimaires, à tous les niveaux de hiérarchie afin de maintenir à leur niveau le plus bas les risques d’accident,
et 4) fixer la date de fermeture de la centrale de Fessenheim.
Pour une seule ou pour plusieurs étapes, à vélo ou non, l’important est de PAR-TI-CI-PER.
Afin de populariser cette caravane et la médiatiser, de lui donner le maximum de publicité, les participants seront si possible déguisés et il est fait appel aux chanteurs(ses) musicien(ne)s, conteur(ses), danseur(ses) et artistes de rue pour animer les soirées d’étape, lesquelles accueilleront également des conférences, et à la tombée de la nuit la projection d’un film documentaire(*). Grâce
à un feuilleton quotidien, écrit (« C’est Nabum » ( Chroniques-ovales) s’est déjà proposé) et peut-être
vidéo, il s’agira de susciter l’intérêt du plus grand nombre de sites et blogs spécialisés, auxquels il
sera fait appel pour le diffuser, et celui des médias traditionnels, régionaux et qui sait nationaux.
Notre slogan central, ou nucléaire : vélo-inactif ce matin, radioactif ce soir. Mais ça pourrait tout
aussi bien être : vélo-inactif aujourd’hui, radioactif demain. Ou : vélo-inactif ce matin, radioactif
demain. Ou…)
Nous fleurirons nos vélos d’hortensias en référence et soutien à la révolution qui se déroule au Japon
(La Révolution des Hortensias – Tokyo : 170 000 personnes disent non à l’insulte nucléaire – Le blog
de Fukushima). Nous espérons que les communes et leurs habitants informés de notre passage nous
accueilleront avec ces fleurs.
A ce propos nous décerneront plusieurs prix au terme de notre équipée:
1)La palme du meilleur des accueils d’étape
et 2) le trop-fait du meilleur désaccueil.
3)de plus, le ou la maire, ou le ou la citoyen(ne) élu(e) à cette occasion ou tiré(e) au sort, de la
commune ou de la ville d’où sera partie l’étape au cours de laquelle auront participé le plus grand
nombre d’indigné(e)s vélo-actifs se verra offrir au choix :
-pour sa commune : en raison de cette conscience de l’engagement prioritaire, en résistance au
rythme chronophage hyperactif et stressant imposé par notre société hyper-industrielle et
consumériste (perdre sa vie à la gagner) : une étape CONTRE la montre dans le Tour de France 2013
– pour lui ou elle-même un diner aux chandelles (forcément !) dans un restaurant bio avec Delphine Batho, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.
-ou alors un troisième prix dont nous réservons la surprise mais qui devrait plaire. Par exemple quelque chose comme :
– une journée passée en compagnie de notre Président et de sa compagne, mais sans repas compris.
Ou en cas d’indisponibilité (catastrophe nucléaire, guerre contre l’Iran, fugue du tchat du couple…): un diner en tête à tête avec notre Premier-ministre. Ou pareil : une journée si vous préférez ; mais alors toujours repas non compris.
– Un jacuzzi entièrement rempli des eaux authentiques des piscines de la centrale de Fukushima Daïchi.
– Un saut à l’élastique du haut d’une tour de refroidissement de votre choix Deux options sont possibles : avec la tour en fonctionnement ou non.
– Une expérience unique en compagnie d’un fil-de-fériste qui vous fera vivre une expérience unique à
haute tension
– Une épilation complète réalisée au cœur d’un réacteur.
Liste non exhaustive. Toutes les suggestions sont les bien venues !

CONTACT : karavelopf1@gmail.com
Un blog est en voie de réalisation

(*) projection précédée de l’incontournable minute nécessaire de Bridget Kyoto (Chaîne de BridgetKyoto – YouTube )(qui sera présente, au départ de la caravane, en tant que journaliste de Libé)

Les premiers textes de C’est Nabum : Parade du cycle énucléaire , Contre-Parade du cycle Nucléaire – 2 , Inexplosible, vous croyez ? , La Caravane Plogoff- Fessenheim, Suivez leur panache blanc …

VOTE DU 19 SEPTEMBRE 2012 SUR LE PROJET DE RAPPORT sur les incidences sur l’environnement des activités d’extraction de gaz de schiste et de schiste bitumineux de Bogusław SONIK

Texte de Danièle FAVARI Juriste “Mesure Conservatoire” : VOTE DU 19 SEPTEMBRE 2012 SUR LE PROJET DE RAPPORT sur les incidences sur l’environnement des activités d’extraction de gaz de schiste et de schiste bitumineux de Bogusław SONIK et les AMENDEMENTS 1 à 166

Dans la perspective de la réunion de la Commission ENVI du 19 septembre prochain, devant débattre et voter le projet de rapport du MEP Boguslaw SONIK ainsi que les 166 amendements qui ont été déposés,

Nous, citoyens européens, APPELONS LES EURODEPUTÉ(E)S de la Commission ENVI du Parlement Européen

* – à voter NON pour les amendements : 9 |12 |18 | 21 | 23 | 25 | 29 | 52 | 55 | 64 | 75 demande à la Commission de coopérer avec les États membres, l’AIE et les associations de l’industrie à cette fin | 76 demande à la Commission de coopérer avec les États membres, l’AIE et les associations de l’industrie à cette fin |101|103 | 107 | 111 | 112 | 116 | 137 | 138 | 139 | 141 | 145 | 150 | 153 | 154 | 155 | 163 | 164 |165 |

* à recevoir la société civile en ses observations au regard des amendements suivants : |98 : signale cependant que ces volumes ne sont pas significatifs par comparaison aux besoins d’autres activités industrielles| 99 : – d° – | 100 – d° – | | 102 : – d° – | 104 – d° – | 126 demande que le recyclage de l’eau soit, dans la mesure du possible, effectué | 131 invite les autorités nationales compétentes d’enquêtes géologiques à procéder à des échantillonnages de référence des aquifères dans les zones où des autorisations pour l’extraction du gaz de schiste sont accordées, afin de pouvoir évaluer –de manière préalable et préventive – si les incidences potentielles de la présence de méthane dans l’eau potable sont liées d’une manière ou d’une autre aux activités de forage, ou si elles existaient déjà avant le forage | 152 à limiter le torchage aux seuls cas d’inquiétudes concernant la sécurité | 157 reconnaît que les activités de forage peuvent temporairement détériorer les conditions de vie | 160 demande aux Etats membres que les collectivités locales ainsi que la société civile soient pleinement informées et associées, en particulier lors de l’examen des demandes de permis d’exploration et d’exploitation | 161 demande une meilleure information et éducation du public aux activités relatives aux combustibles fossiles non conventionnels afin que celui-ci comprenne et accepte la réglementation de ces activités et ait confiance en elle | 162 éducation du public aux activités relatives aux combustibles fossiles non conventionnels afin que celui-ci comprenne et accepte la réglementation de ces activités et ait confiance en elle |

Mesdames et Messieurs les député(e) s européens,

1. Considérant les importantes conséquences négatives sur l’environnement et la santé publique de l’extraction des combustibles fossiles non conventionnels ;

2. Considérant que la disponibilité des réserves des gaz et huiles non conventionnels reste indéterminée à ce jour ;

3. Considérant que la fracturation hydraulique et l’extraction de combustibles fossiles non conventionnels sont en contradiction avec les objectifs climatiques de l’UE et ne fait pas l’unanimité ;

4. Considérant que l’exploitation des combustibles fossiles non conventionnels, dont les effets à terme sont méconnus mais entraîne des émissions massives de CO2 et contribue à un changement climatique incontrôlable ;

5. Considérant que l’exploitation croissante du pétrole et du gaz a pour effet d’affaiblir l’incitation à une transition vers les énergies renouvelables ;

6. Considérant qu’il n’existe pas actuellement de directive(-cadre) de l’UE régissant les activités minières ;

7. Considérant qu’il est essentiel qu’un principe de prévention et de précaution et, le cas échéant, le principe du « pollueur-payeur » soient appliqués à tout développement futur de ressources en Europe, en appelle la Commission à inviter les États membres à exiger des opérateurs suffisamment de garanties financières obligatoires suffisantes en matière de responsabilité environnementale et civile ;

8. Considérant que les projets d’exploitation du gaz de schiste ne font généralement pas l’objet d’une étude d’impact des incidences sur l’environnement, et ce en dépit des risques environnementaux que comportent ces projets ;

9. Estime qu’une analyse approfondie du cadre réglementaire de l’UE en ce qui concerne l’exploration et l’exploitation des combustibles fossiles non conventionnels est nécessaire avant que de nouvelles mesures ne soient prises dans ce domaine ;

10. Prie instamment les États membres de ne pas autoriser la poursuite des activités concernant le gaz de schiste, le schiste bitumineux et le méthane de houille, compte tenu des risques graves pour l’environnement et la santé que comporte la fracturation hydraulique destinée à extraire le gaz de schiste au moins tant que la question de savoir si le cadre réglementaire actuel de l’UE couvre de manière satisfaisante les risques liés à la fracturation hydraulique n’est pas résolue ;

11. Estime qu’il est nécessaire d’au moins exiger une mesure des teneurs naturelles de référence en méthane et en substances chimiques dans les eaux souterraines des aquifères, ainsi que des niveaux de qualité de l’air sur les sites de forage potentiels, avant le début de nouvelles opérations de fracturation hydraulique ou d’autres activités d’exploration ou d’extraction de combustibles fossiles non conventionnels ;

12. Invite la Commission à émettre sans délai des orientations relatives à la mise en place de données de référence de surveillance des eaux nécessaires à l’évaluation des effets de l’exploration et de l’extraction du gaz de schiste sur l’environnement, ainsi qu’aux critères à utiliser afin d’évaluer les incidences de la fracturation hydraulique sur les réservoirs d’eau souterraine dans différentes formations géologiques, y compris les éventuelles fuites et les incidences cumulées;

13. Demande à la Commission d’ éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles; de sorte que l’exploration et l’exploitation des sources de combustibles fossiles, y compris les sources non conventionnelles, ne puissent pas être subventionnées par des fonds publics ;

14. Insiste pour qu’une étude préalable de l’impact sur l’environnement englobe les incidences de l’ensemble du cycle de vie sur la qualité de l’air, la qualité des sols, la qualité de l’eau, la stabilité géologique, l’affectation des sols et la pollution sonore ;

15. incidences négatives sur l’environnement, la santé et l’affectation des sols, et lorsqu’il est impossible de garantir l’absence de toute détérioration des ressources en eau due à la fracturation hydraulique, à suspendre les activités d’exploitation du gaz de schiste ou d’autres combustibles fossiles non conventionnels actuellement en cours, et à ne plus délivrer d’autorisations pour de nouveaux projets d’exploration ou d’exploitation.

Nous vous en remercions par avance et vous prions de croire, Mesdames, Messieurs les Député(e)s européens en l’assurance de notre très haute considération.

Nous n’avions pas tort !

Sous le vent, les pieds sur terre
3-Guénaric / 22340 – TREBRIVAN
Tél. 02 96 36 63 63
Nous n’avions pas tort !
Cette maternité collective et industrielle de la SCEA de Ker Anna à Trébrivan (22340) qui nous avait été présentée comme exemplaire pour l’environnement et l’avenir de la profession porcine n’a pas résisté à l’analyse menée par l’association «Sous le vent, les pieds sur terre» et les riverains avec l’appui d’ Eau et Rivières de Bretagne et de la Confédération
Paysanne.
C’est ce que vient de confirmer le Tribunal Administratif de Rennes en son jugement en première instance du 13 juillet 2012 : «Annulation de l’arrêté préfectoral des Côtes d’Armor en date du 14 avril 2010 autorisant la SCEA de Ker Anna à exploiter» une maternité porcine produisant 23.000 porcelets par an avec un plan d’épandage de 400 ha sur le canton de Maël-Carhaix et Glomel.
A Trébrivan, le 17 juillet 2012
Sylvie GOURDON
La Présidente

le PDF du jugement est visible à l’adresse :
http://www.cyberacteurs.org/pdf/Tribunal-Administratif-Rennes-juillet-2012.pdf

Communiqué de la coordination verte et bleue : droit de réponse au journal Ouest France

Communiqué de la coordination verte et bleue
droit de réponse au journal Ouest France

Le vendredi 13 juillet 2012 sur la page départementale de l’édition des Cotes d’Armor le journal Ouest France a publié un article intitulé “Contre les algues, des écolos usent de la com.” En résumé, face au sérieux d’associations comme Eau et rivières de Bretagne, à “vouloir trop en faire” des associations comme Sauvegarde du Penthièvre (André Ollivro) et Sauvegarde du Trégor (Yves Marie Le Lay) risquaient de “décrédibiliser un combat pourtant sérieux”.

Au nom de la coordination Verte et Bleue qui réunit de nombreuses associations qui luttent pour sortir des marées vertes, nous tenons à rappeler la ténacité et le sérieux avec lequel Yves Marie Le Lay et André Ollivro se battent depuis de nombreuses années pour que le déni organisé par la FNSEA et l’ensemble des acteurs de l’agro alimentaire soit enfin dépassé, pour que l’Etat prenne enfin ses responsabilités quand tous les rapports scientifiques dénoncent l’immense responsabilité du modèle agricole actuel et quand l’Union Européenne demande à la France de respecter la loi sur l’eau. A Douarnenez, en 2010, et à Fouesnant en 2011, ce sont près de 100 associations dont Bretagne Vivante et Eau et Rivières de Bretagne qui ont participé aux rassemblements pour sortir des marées vertes et la plupart de ces organisations considéraient avec fierté la présence à leur côté de Sauvegarde du Penthièvre (André Ollivro) et Sauvegarde du Trégor (Yves Marie Le Lay).

Le 22 et 23 septembre 2012 à Trémargat pour des rencontres “algues vertes et bleues”, gageons qu’une nouvelle fois, toutes les associations qui espèrent une sortie de “l’enfer vert” seront présentes aux côtés de 2 présidents d’associations qui symbolisent notre action et la rendent chaque jour plus crédible.

Pour la coordination : Jean Hascoet président de BDZE

Bulletin climatique mondial de juin 2012

Selon le bulletin climatique mondial de juin 2012[1], émis par le National Climatic Data Center, les températures moyennes de surface de notre Planète, ont battu de nouveaux records[2] pour un mois de juin :
1°) Température moyenne globale des continents
La température moyenne globale des continents a atteint une hausse record de 1,07°C[3]
Après mai 2012, ce mois de juin est le deuxième mois d’affilée, où la température moyenne globale des continents présente une hausse record.
2°) Température moyenne des continents de l’Hémisphère Nord
La température moyenne des continents de l’Hémisphère Nord a atteint une hausse record de 1,30°C.
Après avril et mai 2012, ce mois de juin est le troisième mois d’affilée, où la température moyenne des continents de l’Hémisphère Nord présente une hausse record.

D. Delestre

[1] State of the climate. Global Analysis. June 2012. National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). National Climatic Data Center (NCDC) http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/2012/6
[2] Records établis depuis 1880
[3] Les hausses indiquées sont relatives aux valeurs moyennes enregistrées au cours du 20ème siècle (de 1901 à 2000)

La Biodiversité sacrifiée sur l’autel de la productivité La Cour de Justice de l’Union Européenne désavoue Kokopelli et son avocat général

La Biodiversité sacrifiée sur l’autel de la productivité
La Cour de Justice de l’Union Européenne désavoue Kokopelli et son avocat général

La pétition de soutien à Kokopelli
http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutien-kokopelli-498.html

La Cour de Justice, par sa décision rendue aujourd’hui dans l’affaire Kokopelli c. Baumaux, vient de donner un satisfecit intégral à la législation européenne sur le commerce des semences.

Pourtant, le 19 janvier dernier, son Avocat Général nous donnait entièrement raison, en estimant que l’enregistrement obligatoire de toutes les semences au catalogue officiel était disproportionné et violait les principes de libre exercice de l’activité économique, de non-discrimination et de libre circulation des marchandises. (V. ses conclusions)

Ce changement de cap absolu ne manque pas de nous surprendre et de nous interroger.

La Cour, aux termes d’une analyse étonnement superficielle de l’affaire, et d’une décision qui ressemble plus à un communiqué de presse qu’à un jugement de droit, justifie l’interdiction du commerce des semences de variétés anciennes par l’objectif, jugé supérieur, d’une “productivité agricole accrue” !

L’expression, utilisée 15 fois dans la décision de la Cour, consacre la toute puissance du paradigme productiviste. Ce même paradigme, qui avait présidé à la rédaction de la législation dans les années soixante, a donc encore toute sa place en 2012. La biodiversité peut donc être valablement sacrifiée sur l’autel de la productivité.

Cela fait 50 ans que cela dure et le fait que ce raisonnement nous ait déjà amenés a perdre plus de 75% de la biodiversité agricole européenne n’y change donc rien. (V. les estimations de la FAO)

Si la Cour mentionne les dérogations supposément introduites par la Directive 2009/145 pour les “variétés de conservation”, son analyse s’arrête à la lecture des grands titres. Comment les juges n’ont-ils pas voulu voir que les conditions d’inscription des variétés de conservation, dans la réalité, étaient restées pratiquement identiques à celles du catalogue officiel normal [1]? Le critère d’homogénéité, par exemple, particulièrement problématique pour les variétés anciennes, ne connaît aucune modération.

La Cour n’a-t-elle pas lu les témoignages de nos collègues européens, déjà confrontés à des inscriptions impossibles de leurs semences sur cette liste ?

Cette directive est un véritable leurre, que Kokopelli et tant d’autres organisations européennes ont déjà dénoncé, et ne vise pas à permettre la commercialisation des variétés anciennes ni même à conserver la biodiversité semencière.

De plus, cette biodiversité, qui a nourri les populations européennes pendant les siècles passés, est l’objet de la plus grande suspicion. La Cour va ainsi jusqu’a écrire, par deux fois, que la législation permet d’éviter “la mise en terre de semences potentiellement nuisibles” !

Cette remarque est totalement erronée puisque, comme l’avait justement relevé l’Avocat Général, l’inscription au Catalogue ne vise pas à protéger les consommateurs contre un quelconque risque sanitaire ou environnemental, auquel la législation ne fait même pas référence !
Cette remarque, surtout, est choquante, quand on pense que les semences du Catalogue, enrobées des pesticides Cruiser, Gaucho et autres Régent, ou accompagnées de leur kit de chimie mortelle, empoisonnent la biosphère et les populations depuis plus de cinquante ans !

Le lobby semencier (European Seed Association), qui a pris le soin, pendant le cours de la procédure, de faire connaitre à la Cour son désaccord avec l’avis de l’Avocat Général, se réjouit, dans tous les cas, de cette totale convergence de vues avec la Cour. (V. son communiqué et sa lettre adressée à la Cour.)

Nos adversaires directs dans cette procédure, c’est-à-dire la société Graines Baumaux, mais aussi la République Française, le Royaume d’Espagne, la Commission Européenne et le Conseil de l’UE, doivent également s’en frotter les mains.

Avec cette décision, les masques tombent : la Cour de l’Union Européenne est, elle aussi, au service de l’agriculture chimique mortifère et de son idéologie corruptrice.

Et Kokopelli, au contraire de tout ce qui a pu se lire ces derniers mois, n’a aucun intérêt convergent avec Monsanto et autres semenciers-chimistes. Ces craintes exprimées par certains n’étaient qu’élucubrations fantaisistes, voire malveillantes, à l’égard de l’association.

Mais tout cela se comprend par l’examen du contexte dans lequel prend place cette décision : en Europe, une réforme générale de la législation sur le commerce des semences est en cours. La procédure est placée sous le haut parrainage de l’industrie semencière. Les associations de sauvegarde de la biodiversité, petits producteurs, paysans et jardiniers passionnés, qui, à travers toute l’Europe, conservent clandestinement plus de variétés oubliées que tout ce que le catalogue des variétés appropriées n’en pourra jamais contenir, n’ont pas été invitées à la table des négociations…

Verra-t-on, dans ce cadre, le législateur européen redéfinir ses priorités ? Les semenciers veilleront à ce que cela ne soit pas le cas.

La France, dans ce cadre, joue un rôle particulier. Le Ministère de l’Agriculture a dépêché l’une des collaboratrices du GNIS [2], Mme Isabelle Clément-Nissou, auprès de la Commission Européenne (DG SANCO), afin de rédiger le projet de loi ! Mais les conflits d’intérêt, inadmissibles, ne semblent choquer personne au niveau des institutions européennes…

Ainsi, l’étau se resserre et les perspectives pour la biodiversité n’ont jamais été aussi sombres.

Et l’Association Kokopelli, qui depuis 20 ans veille avec passion à la préservation du patrimoine semencier européen, bien commun de tous, sans la moindre subvention publique, pourrait donc bien disparaître demain, car son activité, qui gêne l’une de nos sociétés commerciales les mieux installées, ne présente pas d’intérêt pour une “productivité agricole accrue”. Cette décision nous sidère, autant qu’elle nous indigne.

Plus que jamais, Kokopelli a besoin du soutien moral de la population. Car il n’est pas admissible que les variétés anciennes, héritage de nos grands-parents, soient interdites de cité !
Nous en appelons également à notre gouvernement. La gauche, sous les précédents gouvernements de droite, nous a dit pouvoir compter sur son soutien à de nombreuses reprises. Il est temps maintenant qu’elle transforme ses promesses en actes (en commençant par retirer son mandat à Mme CLEMENT-NISSOU) !

Kokopelli, le 13 juillet 2012.

[1] La directive 2009/145 prévoit que les critères de distinction et de stabilité sont laissés à la discrétion des Etats membres et que, par contre, «pour l’évaluation de l’homogénéité, la directive 2003/91/CE s’applique» : art. 4 §2

[2] Le GNIS représente les semenciers professionnels en France et dit officiellement «défendre les intérêts de la filière semence» – V. son site Internet

Ce que nous voulons, sur le plan législatif et réglementaire :

Le Catalogue officiel actuel est le pré-carré exclusif des variétés protégées par des droits de propriété intellectuelle, hybride F1 non reproductibles. Qu’il le reste.

Nous voulons que les semences anciennes et nouvelles appartenant au domaine public et librement reproductibles sortent du champ d’application de la législation sur le commerce des semences.

Il n’existe pas de catalogue officiel obligatoire pour les clous et les boulons. Il n’y a pas de raison de soumettre les semences à une procédure préalable de mise sur le marché, comme les pesticides ou les médicaments, pour les cataloguer dans un registre.

Des objectifs de qualité et de loyauté dans les échanges commerciaux peuvent être aisément atteints par un règlement de base fixant des critères minimums en termes de qualité sanitaire, faculté germinative, pureté variétale et pureté spécifique.

Que demande la société Graines Baumaux ?

Notre adversaire devant la Cour d’Appel de Nancy demande la condamnation de Kokopelli à lui payer 100.000 €uros de dommages-intérêts, ainsi que la cessation de toutes les activités de l’association. Pour information, au 30 juin 2011 la société Baumaux avait un chiffre d’affaire annuel de 14 millions d’€uros et un résultat net de 2 millions d’€uros.

La pétition de soutien à Kokopelli
http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutien-kokopelli-498.html

Lettre ouverte à François le Terrible Président de la République Française

Monsieur le Président,

« Le changement, c’est maintenant », disiez-vous. De fait, vous auriez pu changer le cours de l’histoire. Vous ne l’avez pas fait. Tel est le regrettable motif de la présente lettre. Je l’adresse aux rédactions des organes dits d’information nationale, qui, sauf honorable exception, ne la publieront pas, comme à leur habitude. L’omerta médiatique vous protège encore, mais pas devant l’Histoire.

Vous nous avez menti. Et vous faites mentir vos “collaborateurs”, comme aurait dit un autre.

Le 22 janvier 2012, au Bourget, vous affirmiez devant 15 000 personnes : “Mon secret, que j’ai gardé depuis longtemps, le voici : j’aime les gens quand d’autres sont fascinés par l’argent.” Pourtant, un mois plus tôt, vous intituliez une tribune libre parue dans Libération : “Dissuasion nucléaire : je maintiendrai”. Elle s’achevait ainsi : “Même si elle ne doit jamais cesser de s’adapter, je serai le garant de la capacité de dissuasion nucléaire de la France. C’est une prérogative spécifique du président de la République : je la revendique et l’assume pleinement.”

Mais que signifie concrètement cette “prérogative présidentielle” que vous n’avez cessé de revendiquer avant comme après votre élection, jusqu’à ce honteux 4 juillet 2012 où l’on vous a hélitreuillé à bord du “Terrible”, notre quatrième Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engins de Nouvelle Génération, capable d’”arroser” avec un seul missile – il en compte 16 à bord – et ses six “têtes nucléaires” – il en compte 96 – la population de Pékin comme celle de Shangaï ?

Votre Premier Ministre déclarait la veille à l’Assemblée nationale : “Face aux grands enjeux internationaux, la France jouera pleinement son rôle et tiendra le langage que le monde a appris à aimer d’elle. (…) La France n’est écoutée et respectée que quand elle est fidèle à elle-même. Respect des droits de l’homme, justice, solidarité à l’égard des pays en développement, dialogue avec les pays émergents …et bien sûr soutien à ceux qui luttent pour la démocratie partout dans le monde : telles sont les pierres angulaires de notre politique étrangère.” Sans oublier le Terrible, autre pierre angulaire de ce langage de paix tenu à nos amis Chinois et autres “émergents” par le pays de Tartufe !

Une fois descendu du ciel par mer belle (c’est plus sûr), vous avez, nous dit-on, félicité les sous-mariniers pour leur “professionnalisme”, dit votre fierté d’être leur chef suprême, et assisté à un simulacre de tir du missile M51. En quoi consiste donc leur profession ? A se tapir au fond des océans dans l’attente de l’ordre qui les conduira à anéantir des millions de civils à l’autre bout du monde. Puis à attendre que le chef de l’Etat ainsi frappé en fasse autant à la population française.

Ce criminel non-sens vous autorise-t-il à prétendre que vous aimez les gens ? Même si – peut-être – vous n’êtes pas comme d’autres fasciné par l’argent, vous l’êtes assurément par le pouvoir que ces armes vous donnent de massacrer des millions de personnes sans avoir à en rendre compte à aucun tribunal, ni avant, ni après la commission du crime ! Excluant même de consulter le peuple qui vous a fait roi, vous vous placez au-dessus des lois de l’Humanité, de la République, de la Constitution, qui vous intiment le respect du droit international, notamment de l’article 6 du Traité de Non Prolifération.

Le 25 juin dernier, vos policiers ont refoulé loin de votre Palais, où on leur avait pourtant annoncé qu’ils seraient reçus, les deux grévistes de la faim dont j’étais, venus vous demander d’organiser un référendum sur la participation de la France à l’abolition des armes nucléaires. En témoignent les images diffusées le soir même par France 3, dont la caméra fut ensuite interdite de filmer.

Ainsi votre Palais est-il, comme votre « domaine réservé », interdit à votre peuple. Le 5 juillet, en revanche, vous y receviez M. Ali Bongo, digne fils de son père, porteur de contrats lucratifs et de promesses d’uranium. La veille, votre Premier ministre déclarait aux députés : “Une rupture avec les dérives de la Françafrique est attendue.” Attendue ? Sûrement pas de vous. Autre mensonge d’Etat.

Sachez donc, Monsieur le Président, que bientôt votre mépris de la démocratie vous vaudra une crise gouvernementale : lorsque vos deux ministres Verts, se pliant à la motion adoptée le 24 juin à la quasi-unanimité par le Conseil fédéral d’EELV, vous demanderont de poser aux Français la question : « Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires, sous un contrôle mutuel et international strict et efficace ? » Et sachez-le encore : chaque jour des citoyens se relaient pour jeûner, jusqu’au référendum auquel le peuple a droit. En frac ou en treillis militaire, nous ne vous lâcherons plus ni les basques, ni les baskets.

Jean-Marie Matagne, président d’ACDN, gréviste de la faim pendant 42 jours, du 15.05 au 26.06.2012

Contact : 06 73 50 76 61

contact@acdn.net

« Doux : analyser les raisons de l’échec pour mieux rebondir»

Toutes les leçons doivent être tirées de la situation actuelle du groupe DOUX hier encore présenté comme l’un des fleurons du « modèle agricole breton ».

Ce groupe qui a su utiliser « l’arme alimentaire » pour conquérir des marchés et qui, pour ce faire, a largement bénéficié de l’argent public grâce aux aides de la PAC plonge aujourd’hui des milliers d’éleveurs et de salariés de l’agro-alimentaire dans l’angoisse et la détresse.

Les instances régionales se doivent de saisir la cour des comptes afin que soit réalisé un audit financier complété d’une analyse de toutes les conséquences économiques et sociales de ce dépôt de bilan.

Ce n’est qu’à cette condition que la région sera à même d’apporter une contribution éclairée à la mise en œuvre d’un autre modèle de développement agricole conforme aux critères d’un authentique développement durable tout à la fois respectueux des producteurs, des consommateurs, des équilibres naturels voire même du bien être animal.

Car si le repreneur de Doux poursuit l’activité selon le même modèle de production, certes il sauvera momentanément des emplois, mais il ne fera que prolonger un modèle dépassé, avec des aides publiques à fonds perdus. Le temps presse. Oui il faut un ou des repreneurs. Mais, simultanément il faut mobiliser tout un territoire – acteurs économiques, responsables politiques, monde associatif représentant la société civile – pour se frotter ensemble (ce sera rude !) et penser une nouvelle stratégie. Un modèle agricole se meurt, un autre demande à naitre. La transition, c’est maintenant.

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Jean-Yves Griot 06 80 00 28 98
Jean-Claude Pierre 06 76 88 71 43

Doux : analyser les raisons de l’échec pour mieux rebondir.
Jean Yves Griot

Doux, une entreprise inscrite dans le modèle productiviste breton hors sol…

Pour comprendre le formidable développement des productions animales en Bretagne à partir de la fin des années 60, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Avec la mise en place du marché commun agricole, l’agriculture bénéficie d’une protection communautaire efficace avec des prix garantis, supérieurs aux prix mondiaux, tout en ayant la possibilité d’acheter au prix mondial, sans droits de douane, des produits de substitution des céréales (PSC) pour l’alimentation animale. C’est une rente de situation, vendre le produit fini au prix européen, garanti et sans limite, avec des approvisionnements au prix mondial. Plus on produit, plus on gagne, d’où cet emballement dans la course au toujours plus. Les subventions aux exportations, qui permettent d’écouler les excédents, complètent le dispositif.
Ce développement s’est fait au prix d’importations croissantes d’aliments du bétail, manioc, corn gluten feed, et soja. Il s’est fait aussi au prix de quantités croissantes de déjections animales au-delà des besoins des cultures, d’où les pollutions qui sont installées et perdurent.
Mais la rente de situation a été passagère. En 1992, l’Europe décide de baisser les prix européens pour se rapprocher des prix mondiaux et compenser les baisses de prix par des primes sur les surfaces en céréales et oléo protéagineux. Peu à peu les céréales européennes, dont les prix ont baissé, vont reprendre la place des PSC – c’est la reconquête du marché interne de l’alimentation animale par les céréales métropolitaines – mais les importations de soja continueront à croitre. La dépendance en protéines importées augmente et se double d’une dépendance aux aides de la PAC. La rente de situation est moins évidente. La concurrence des pays tiers se fait plus vive, à tel point que Doux choisit de se délocaliser au Brésil, le Brésil ayant l’immense avantage de pouvoir produire sur place les aliments des volailles, d’avoir une main d’œuvre bon marché et pas encore de réglementation environnementale.
Doux au Brésil, sous le nom de Frangosul, concurrence Doux Bretagne d’abord sur les marchés au Proche Orient, et ensuite sur le marché intérieur français. La guerre des prix sur les poulets industriels a tourné à l’avantage de pays tels que la Thaïlande et le Brésil. Bourgoin, le roi du poulet en France, fait faillite en 2000 et son groupe est dépecé. UNICOPA cède en 2008 son activité volailles à l’export. Aujourd’hui 40 % des poulets consommés en France sont importés…. Et nombre de poulaillers ont fermé, ainsi que des outils industriels….

dont la faillite traduit celle du modèle.

Cette production industrielle de volailles, qui s’est développée à l’abri des frontières européennes, bénéficie aujourd’hui encore des aides de la politique agricole commune (primes aux céréales, subventions aux exportations). Selon l’estimation de l’économiste Jacques Berthelot, le taux réel de dumping des volailles entières congelées exportées est de 50 à 80 % selon les années. C’est une production sous perfusion d’aides publiques, avec des emplois mal payés dans les abattoirs et unités de découpe, car la valeur ajoutée produite est très faible, même avec les aides.
Doux a connu 25 fermetures de sites en 20 ans. Doux a fortement bénéficié des aides financières de l’Europe. Tout en important des poulets du Brésil, il a été subventionné pour exporter : 55 millions d’euros par an en moyenne ces dernières années. Doux, endetté, vient de céder à JBS, premier producteur de viandes au monde, sa filiale brésilienne Frangosul d’une capacité de 1,1 million de poulets/jour.

Faire un audit sans complaisance …

Environ 1 milliard d’euros de fonds publics, c’est le total cumulé des aides à l’entreprise Doux : subventions aux exportations, aides des collectivités locales pour des investissements ou la rénovation des sites, aides pour faire face à la grippe aviaire. Ces aides ont été accordées sans conditions, sans contreparties. Le résultat est que la famille Doux s’est enrichie, a investi au Brésil, fermé des sites en France, et est aujourd’hui en redressement judiciaire. D’un côté Charles Doux affiche en 2011 une fortune de 330 millions d’euros, en progression de 18 % par rapport à 2010, 146 ème fortune de France selon le classement de Challenges. De l’autre, on ne peut qu’être inquiet pour l’économie locale : quel avenir pour les 3400 salariés, les 800 aviculteurs et tous les emplois qui sont liés à la filière, au total environ 10 000 emplois ?

A ce nécessaire audit financier sur le groupe Doux, il faut adjoindre une analyse systémique sur les conséquences pour la région Bretagne et les régions limitrophes de ce type de développement. L’entreprise Doux a été particulièrement compétitive pour capter des aides publiques – 1 milliard d’€ – mais en apportant très peu de valeur ajoutée au sein de la filière de production. Ce sont des poulets industriels, bas de gamme, vendus à bas prix, obtenus avec des importations de soja d’Amérique latine, en concentrant la production en Bretagne et participant ainsi aux pollutions dues aux excédents de déjections animales. Le bilan global est à faire, mais gageons qu’il ne sera pas brillant.

pour reconstruire sur de meilleurs bases et dessiner un avenir pour l’aviculture française
La mise en redressement judiciaire de l’entreprise Doux est un coup dur porté à l’économie locale au travers des milliers d’emplois qui sont menacés. L’objectif des pouvoirs publics est semble-t-il de trouver un repreneur pour poursuivre l’activité et sauver les emplois. Et bien évidemment cela se fera avec une nouvelle mise de fonds publics pour accompagner la reprise. En supposant que le repreneur existe, alléché par de nouvelles aides publiques « pour sauver les emplois », on peut craindre que ce ne soit qu’une solution de court terme, le prolongement de l’agonie d’un système à bout de souffle.

Et si l’on se donnait l’ambition de voir plus loin, de penser l’avenir de la production de poulets, plus globalement de la production de volailles, de toutes ces productions « hors sol », y compris la production porcine, et des industries agroalimentaires qui en découlent ? Y a-t-il un avenir pour ces filières et à quelles conditions ?

Un avenir est possible, car il y a des acquis qui sont des atouts. Un réseau dense d’éleveurs qualifiés avec un encadrement technique et scientifique, des entreprises d’amont et d’aval. Les hommes et les outils de productions existent. Mais il ne suffit pas de produire, il faut retrouver de la valeur ajoutée en mettant sur le marché un produit répondant aux attentes sociétales.

Le groupe Doux va mal, mais ce n’est pas toute la filière volaille qui est en crise. D’autres volaillers, qui ont fait d’autres choix, vont mieux … par exemple LDC avec en son sein les Volailles de Loué qui font des productions sous label et ne mettent en production que ce qui est vendu. N’est ce pas un exemple à méditer ? Non pas chercher à produire encore plus pour prendre les parts de marché du concurrent, et faire baisser les prix, mais produire ce que le marché intérieur peut absorber et rechercher les complémentarités entre producteurs.

Le premier objectif doit être de reconquérir le marché intérieur de manière à anticiper la fin des restitutions, c’est-à-dire la fin des exportations subventionnées. Pour cela il faut fidéliser le consommateur régional et le consommateur français, en lui donnant de bonnes raisons d’acheter ce poulet produit ici. Faire un produit bas de gamme et espérer fidéliser le consommateur parce que c’est un produit français est une démarche à courte vue et condamnable au niveau européen, car nous sommes dans un marché unique. C’est pourtant ce que tente le logo VPF pour les porcs. La marque « Produit en Bretagne » ne fait guère mieux, malheureusement. Quelles peuvent être les bonnes raisons de consommer local ? Il faut être crédible en donnant au consommateur des garanties qui devraient être au minimum les suivantes :
produit ici : on indique la provenance des produits
produit dans le respect de l’environnement (directives européennes)
produit dans le respect du bien être animal (directives européennes)
produit en assurant un revenu décent à ceux qui travaillent, éleveurs et salariés, c’est-à-dire que l’on doit une transparence des coûts tout au long de la filière.

Nourrir sans OGM
Comme chacun le sait, les aviculteurs bretons ont besoin d’importations de soja pour apporter aux poulets en croissance rapide les protéines en quantité et en qualité suffisantes. Une majeure partie de ce soja importé est transgénique, c’est-à-dire génétiquement modifié pour tolérer le glyphosate (nom commercial : le round up de Monsanto). La plante pousse en présence de l’herbicide et s’en imprègne. Donner du soja transgénique aux animaux que l’on consomme, c’est faire entrer le glyphosate dans la chaine alimentaire. Déjà le glyphosate et ses dérivés sont présents dans 90 % des eaux de surface en France. Un jour cet herbicide sera interdit comme l’a été l’atrazine, désherbant du maïs qui était aussi très présent dans les eaux de surface.
sachant que les consommateurs français et européens ne veulent pas d’OGM dans leurs assiettes (et ils ont raison),
sachant que l’étiquetage « nourri sans OGM » est autorisé depuis le 1er juillet 2012,
sachant qu’il n’y a pas de difficulté à trouver les quantités suffisantes de soja non OGM sur le marché mondial
sachant que le surcoût du soja non OGM est essentiellement dû au coût de la traçabilité et de la séparation des filières,
sachant que le fait d’avoir deux filières séparées dans les ports, les usines d’aliments et les transports engendre des surcoûts et des risques de contamination,
il est clair qu’il y a un intérêt majeur pour la Bretagne, mais aussi les autres régions de se déclarer exempte d’OGM en cultures et en importations. Tout milite pour cela : le bon sens pratique, le besoin de redonner une image de qualité aux productions animales de l’Ouest, et le bénéfice économique qui en résulterait. Et voilà ce qui serait une bonne raison pour les consommateurs de préférer les produits d’ici.

Au bout du compte, cela pourrait faire quelques centimes de plus au kg, peut être jusqu’à 10 ou 20 centimes. Ce n’est pas insurmontable à condition que le consommateur sache pourquoi, et n’ait pas l’impression d’être trompé. Sollicité comme il l’est par les messages publicitaires permanents, il est devenu dubitatif et peu enclin à faire confiance. Nous faisons cependant le pari que si le consommateur ordinaire a de bonnes raisons de payer un peu plus cher, il en est capable. Nous ne sommes plus dans le domaine de la pub, mais dans celui de la citoyenneté. Il ne faut pas sous estimer nos concitoyens. C’est là qu’intervient la responsabilité du consommateur, individuel et collectif. La restauration collective, qui relève en grande partie des élus locaux, a une responsabilité particulière car elle peut avoir un effet de levier.

Soyons clairs, la réorientation du modèle de production est une responsabilité partagée entre producteurs et consommateurs. Il faut que dans son acte de consommation, le consommateur valide les efforts qui auront été faits en amont. Ce n’est pas inné. Cela se construit en expliquant les enjeux et en mobilisant les organisations de producteurs, les associations, le territoire. C’est clairement de la responsabilité du politique. Il ne fera pas tout, mais il doit prendre une place qu’il a trop longtemps désertée en se déchargeant sur le pouvoir économique. Et il appartient aussi au monde associatif, qui alerte depuis longtemps sur les impasses économiques, environnementales et sociales du modèle agricole breton, de prendre sa part pour impulser et accompagner la nécessaire réorientation du modèle agricole.

La tri articulation sociale *

Le réseau Cohérence réunit producteurs, consommateurs et environnementalistes. Depuis une quinzaine d’années, il œuvre pour un développement durable et solidaire, pour une réorientation du modèle agricole breton. Nous savons que la responsabilité du mode actuel de production est une responsabilité partagée, qu’il serait injuste d’accuser les seuls agriculteurs.
Nous sommes tentés aussi d’accuser « les politiques ». Il est vrai que nos politiques, au nom de la sainte croissance, et des emplois, laissent le champ libre aux entreprises pour qu’elles se développent. Tout emploi est bon à prendre et mal venu serait le politique qui ergoterait sur l’utilité sociale de telle activité, les atteintes à l’environnement ou la précarité des emplois.
Nous avons acquis la conviction que l’on ne peut faire confiance aux seuls acteurs économiques, ni aux acteurs politiques. La société civile, au travers de ses multiples formes d’organisation, les associations, les syndicats, les clubs de pensée, etc… doit prendre une part active aux choix de société et à leur mise en œuvre.
Ceci nous fait dire que sur cette question concrète de l’avenir de la production régionale avicole, la responsabilité est partagée ente les acteurs économiques, les élus et le monde associatif. Mais il n’est pas encore dans les mœurs de travailler ensemble….

* en référence au livre de Nicanor Perlas (2003) : « La société civile, le 3ème pouvoir »

Pour conclure, si le repreneur de Doux poursuit l’activité selon le même modèle de production, certes il sauvera momentanément des emplois, mais il ne fera que prolonger un modèle dépassé, avec des aides publiques à fonds perdus. Le temps presse. Oui il faut un ou des repreneurs. Mais, simultanément il faut mobiliser tout un territoire – acteurs économiques, responsables politiques, monde associatif représentant la société civile – pour se frotter ensemble (ce sera rude !) et penser une nouvelle stratégie. Un modèle agricole se meurt, un autre demande à naitre. La transition, c’est maintenant.

SOLEIL

Le ministère de la Santé nous recommande de nous protéger du soleil de midi à 16 heures, heures légales, sans même tenir compte de nos deux heures d’avance sur le soleil, en été.
Ainsi, à midi, pas de souci, puisqu’ il n’est que 10 heures au soleil. Alors qu’à 16 heures, il est en réalité 14 heures, le soleil est encore bien haut dans le ciel…
Cet été, en l’occurrence, en raison de notre avance de deux heures sur le soleil, n’oublions pas d’ajouter deux heures à l’horaire indiqué par le ministère des Affaires sociales et de la Santé.
De 14 heures à 18 heures pas d’exposition solaire, pour protéger notre peau et celle de nos enfants, à la plage notamment.
Ensemble, provoquons le changement,
LA MÉRIDIENNE

LETTRE DU GIET – MAI 2012

Chers amis du GIET,

Mille excuses, tout d’abord, pour ce long silence lié à un excès de travail chronique.

Résumé des thèmes actuels du GIET :

L’objectif est toujours de mettre en démocratie la problématique très problématique de l’avenir de l’humanité.

Directement à ce propos :

un livre à lire absolument et à faire lire DE FORCE !
Il est préfacé par notre ami JP Berlan, qui emprunte beaucoup aux textes du GIET, mais on ne lui en veut pas. Le livre s’appelle « Une brève histoire de l’extinction en masse des espèces » auteur : Franz BROSWIMMER éditions Agone.
Il traite de l’histoire (et de la préhistoire) de l’écocide, avec force références.
Un article de Nature, fondamental : Barnosky,A.D. « Approching a state shift in earth’s biosphere » Nature 7 june 2012 vol 486 pp 52-58

Axes principaux :

La Métamorphose Culturelle par la démocratie Réelle (MCDR)

Nous avons changé Démocratie Participative (DP) en Démocratie Réelle (DR) car la DP se situe dans un cadre institutionnel et dans un cadre conceptuel. Elle est adaptée aux problèmes pratiques. La DR est mise en scène par les citoyens eux-mêmes et interroge le cadre conceptuel. Les principes de la MCDR sont évoqués sur le site www.metamorphose.culturelle.org (si possible, regarder les vidéos).

Actuellement, nous avons surtout commencé à mettre en place un réseau avec des universitaires essentiellement lyonnais dans le but de constituer un point de départ pour une réflexion de fond entre scientifiques, sociologues, philosophes et citoyens, en espérant joindre rapidement des politiques (actuellement, la seule intéressée est Lela Bencharif, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes).

Deux thèmes qui servent de support : la « vulnérabilité d’une société confortable » et « la libération de la parole ». Sur le premier de ces thèmes, une table-ronde a été organisée à Lyon avec comme intervenants : Ioan Negrutiu (professeur de biologie végétale à l’ENS de Lyon), Matthieu Calame (agronome et directeur de la Fondation pour le Progrès de l’Homme), Hervé le Meur (chercheur en mathématiques et Président d’OGM Dangers) et Frédéric Jacquemart (Président du GIET).

Trois conférences-débats ont été données par le GIET, dont deux en Suisse, sur des thèmes équivalents et deux autres sont prévues à Avignon et Orléans.

L’idée est d’inciter un public de départ pour installer des échanges sur le site de la MCDR (qui devrait être adapté à cette fin prochainement par Sciences et Démocratie). La libération de la parole part de la constatation que les débats sur les questions des nouvelles technologies sont très fortement contraints. En simplifiant, seul le domaine technoscientifique est culturellement posé comme pertinent, alors que ce n’est manifestement pas le domaine du ressenti de ceux qui s’interrogent ou s’opposent à la déferlante technologique qui caractérise l’époque moderne.

La simple convocation des scientifiques dans le débat leur fait prendre de facto une position politique forte sans que ce processus pervers ne soit mis à jour et discuté. Le projet de mise en démocratie de ce sujet a été initié avec l’association Vivagora, mais le projet est en panne faute de financements complémentaires à ceux de la Région Ile-de-France. Il a donc été évoqué lors de diverses conférences du GIET et fera l’objet d’une rencontre universitaires-politiques-citoyens suisses et rhône-alpins, à Lausanne, sous l’égide de la FPH, en principe en février 2013.

Sur ce thème aussi, nous espérons une participation sur le site de la MCDR.

La partie « sensible » du programme avance doucement, notamment du fait des difficultés financières et du manque de temps. Une expérience importante a pu néanmoins être mise en chantier grâce à la pugnacité de l’équipe du Lien Théâtre et notamment d’Anne-Pascale Paris, Calin Blaga et Mélanie Perron : à partir du texte de l’épopée de Gilgamesh, le Lien théâtre crée un spectacle avec des habitants de Bron, en prenant appuis sur l’expérience passée de la troupe dans la co-création de spectacles théâtraux avec des détenus de prison lyonnaises.
Ce spectacle, prototype d’une création participative, sera terminé à la fin 2012 et servira entre autres à alimenter la réflexion sur la mis en démocratie des autres thèmes de la MCDR.

D’autre part, Ioan Negrutiu va inaugurer, en septembre, l’Institut Michel Serres sur les ressources et nous invite à participer à cette inauguration.

Programme « RiskOGM »

Rappel : il s’agit d’un appel d’offre de l’Etat visant à développer une approche globale de l’évaluation des nouvelles technologies. Cet appel d’offre a été attribué au GIET en collaboration avec l’unité de philosophie des sciences de l’INSA de Lyon et l’Association PEUV (Pour l’Emergence de l’Université du Vivant).

Après une première table ronde avec des philosophes, et une séance de travail avec Léo Coutellec, philosophe de l’INSA, ce programme est un peu en plan. Une nouvelle table ronde est prévue pour juillet ou septembre avec deux spécialistes du hasard.

Entre temps, Léo Coutellec devrait produire un argumentaire pour montrer que l’intentionnalité est un caractère épistémique de tout objet fabriqué par l’homme, ce qui nous permettra d’argumenter contre la volonté de la Commission Européenne de changer la définition des OGM en la limitant aux seuls aspects techniques. Cette volonté de modifier la définition des OGM, issue des pressions des semenciers, est un enjeu très important actuellement.

OGM

En dehors de l’action ci-dessus, qui fait la transition, les enjeux actuels sont très importants, car les semenciers veulent faire céder les portes de l’Union Européenne. La révision des Lignes Directrices (qui indiquent ce qui doit être fait par les pétitionnaires lorsqu’ils déposent un dossier d’autorisation) qui a été décidée suite à la demande des ministres européens de l’écologie (et en grandes parties grâce aux actions du GIET) tourne à la farce.
Les ministres ont demandé une amélioration de l’évaluation des OGM, l’AESA1, en charge de la révision des Lignes Directrices, fait exactement l’inverse.

Dans un épais document où sont proposées de réelles améliorations, on trouve trois lignes qui disent que s’il y a équivalence en substance entre une plante OGM et une plante de même espèce non OGM, alors, on ne fait pas d’évaluation du tout !

La Commission Européenne s’aligne sur les USA (comme le demandent les semenciers). Le GIET, FNE et Inf’OGM ont alerté le gouvernement français, qui a fait remonter à Bruxelles son opposition à ces propositions. Nous avons déjà pu passer le message au nouveau ministère de l’écologie, que nous allons bientôt rencontrer, ainsi que celui de l’agriculture.

Le moratoire sur le MON810 a été obtenu par une large coalition d’organisation anti-OGM dont évidemment le GIET. Il reste à pérenniser la situation.

Le GIET a participé aussi à la campagne « on a plus besoin des besoin des abeilles que des OGM » à la suite de l’interdiction, par la Cour Européenne de Justice, du miel contenant du pollen de MON810 (affaire Bablok).

La Commission Européenne s’apprête à autoriser plusieurs OGM pour la culture, ceci probablement dès cet été. Nous sommes évidemment mobilisés contre ces décisions.

La question de la subsidiarité est à nouveau mise sur la table des négociations. Le GIET et ses partenaires s’y opposent, au moins tant que la question des lignes directrices évoquée plus haut n’est pas tranchée dans le bon sens. En effet, par subsidiarité, il faut comprendre théoriquement : possibilité pour un Etat Membre, d’interdire un OGM pour des raisons socio-économiques. En pratique, cette possibilité ne tenant pas en cas de recours devant l’OMC, il s’agit d’un leurre permettant à la CE d’assouplir les conditions d’autorisation des OGM.