Ne pas changer d’heure au mois de mars prochain nous permettrait, sans nul doute, de mieux dormir afin de vivre mieux et de travailler mieux. Selon l’association pour le rétablissement de l’heure méridienne, c’est la première réforme, urgente et indispensable, à faire en France !
En 1884, selon la convention de Washington, le système des 24 fuseaux horaires des temps universels coordonnés (TUC) a été adopté pour ordonner et harmoniser les heures légales dans les différents pays de la planète et faciliter les communications.
En 1916, dans les pays industrialisés fut institué le régime de l’heure d’été une partie de l’année. En France, le retour à notre heure GMT (méridien de Greenwich) se faisant en septembre. Mais en septembre 1945, la France a gardé l’heure GMT + 1 toute l’année.
Au printemps 1976, le Président de la République, M. Valéry Giscard d’Estaing, a rajouté une seconde heure d’été au lieu de revenir à l’heure de référence de notre fuseau horaire de l’Europe de l’Ouest.
Si bien qu’étant déjà à l’heure GMT + 1 toute l’année, nous vivons depuis, 7 mois sur 12, avec un décalage arbitraire de 2 heures par rapport au soleil.
Des conséquences sur l’environnement
La pollution photo-oxydante, composante préoccupante de la pollution de l’air, résulte surtout de l’action du rayonnement solaire sur les hydrocarbures, émis par les activités humaines (trafic routier, aérien…). Elle a pour conséquence la formation d’oxydants, surtout d’ozone (O3), puissant gaz à effet de serre, et de nitrate de péroxyacétyle (PAN).
Ce type de pollution entraîne troubles respiratoires, migraines, irritation des yeux, baisse des performances physiques et cause plus de 30 000 décès par an pour un coût annuel de 670 euros par personne (source OMS). Il contribue aussi pour une large part au dépérissement des écosystèmes forestiers et à la dégradation de l’environnement et nous vaut régulièrement de lourdes astreintes de la part de Bruxelles.
L’Agence pour la qualité de l’air (AQA, devenue Ademe) a également pointé la pollution photo-oxydante sous l’angle de l’heure d’hiver et de l’heure d’été par rapport à l’heure solaire. Les études du Pr Jean-Claude Déchaux, commandées sur l’argent public par l’AQA, ont démontré que l’adoption de l’heure d’été, en déplaçant les périodes de trafic routier et aérien, quand l’ensoleillement est maximal et en l’absence de vent, entraîne un accroissement net de la formation d’ozone et des oxydants photochimiques associés.
Lors de la parution de ces travaux, le Congrès mondial pour la pureté de l’air de Montréal confirmait en 1992 : « L’utilisation de l’heure solaire serait en ce sens très bénéfique, diminuant notamment l’ozone de 22 % par rapport aux valeurs calculées en heure d’hiver. […] C’est une véritable pénalité d’utiliser l’heure d’été […] de l’argent est gaspillé. […] Il nous paraît inutile et dangereux de vouloir pérenniser cet usage. » (Valeurs dépassées en 2014.)
C’est pourquoi l’assertion des gouvernements successifs pour justifier l’heure d’été, « il s’agit de faire correspondre au mieux les heures d’activités humaines avec les heures d’ensoleillement », est tout simplement incompréhensible !
Des conséquences sur la santé
Privation de sommeil, d’où sautes d’humeur, fatigue, stress, burn-out, perte de repères dans le temps et de l’envie d’entreprendre, surmédicalisation, absentéisme, accidents du travail et de la route, impact négatif sur la productivité, échec scolaire… la liste est longue.
Dès son application, la double heure d’été fut controversée par de nombreux médecins et scientifiques quant à ses effets négatifs, notamment sur les enfants.
Dans les années 1980-1990, le Pr Boris Sandler, pédiatre et spécialiste de néonatalogie au CHU de Bordeaux, fit une recherche systématique chez les enfants amenés en consultation : « Au départ, j’ai fait comme tout le monde, j’ai prescrit des médicaments, puis j’ai établi le rapport qu’il y avait entre ces troubles et la modification imposée de l’heure. J’ai alors conseillé aux mères de coucher leurs enfants plus tôt. Facile à dire mais difficile à faire. » (1)
Pour le Pr Sandler, « cette nouvelle maladie saisonnière de l’enfant » provoque des troubles du sommeil quasiment stéréotypés : le soir, l’enfant refuse de se coucher et le matin, il n’arrive pas à se réveiller. En résultent des troubles de l’humeur et du comportement faits d’instabilité, d’incivilité, d’agressivité essentiellement dans les cours de l’après-midi, mais aussi en fin de matinée ainsi qu’une baisse globale des résultats scolaires notée par les enseignants, avec somnolence matinale, bâillements, fatigue… »
Dans la mesure où l’on oublie de rattacher ces « symptômes » à leur cause, il n’est pas rare que les enfants fassent l’objet d’une médicalisation excessive : examens psychologiques, examen médical, examens de laboratoire, encéphalogrammes (totalement négatifs), administration de tranquillisants et de fortifiants (totalement inefficaces, voire dangereux) !
C’est le même constat qu’ont fait le Pr René Loubet (« Je reconnais chaque année les effets néfastes de ce décalage horaire que rien ne justifie et que tout condamne, consommation médicale supplémentaire, prescription de tranquillisants, d’hypnotiques, de tonifiants. »), Jean-Marie Pelt (« Non à l’heure folle »), le Dr Marc Schwob (« Les méfaits de l’heure d’été »), le Pr Louis Arbus (« Est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle ? »), le Pr Jacques Revel (« Un rythme biologiquement très mauvais »), la psychiatre Sylvie Royan-Parola (« Les enfants, personnes âgées, grands anxieux ont du mal à se recaler. »), etc. (2)
De la crèche au lycée, la journée marathon de nos enfants débute souvent avant l’aube. Au printemps et en octobre, c’est pire : ils se lèvent de nuit comme en plein hiver, vers 6 h-6 h 30, heure d’été, soit en réalité à 4 h-4 h 30 solaire !
Les effets du réveil précoce
Suite au réveil précoce, les élèves sont privés d’une bonne partie de sommeil paradoxal dans les derniers cycles du sommeil du matin où le rêve joue un rôle capital de défoulement salutaire, indispensable pour la réparation de la fatigue intellectuelle. De plus, c’est bien sûr, dès leur réveil que les élèves ont besoin de la lumière naturelle du jour pour être en forme, de bonne humeur pour la journée qui commence. Le réveil spontané est donc une mesure de salut scolaire !
Concernant les rythmes scolaires actuellement pratiqués en France, l’avis du médecin psychiatre Boris Cyrulnik est éloquent : « Il faudrait modifier complètement le rythme de la journée. La première heure de la matinée est inutile, les enfants ont un pyjama dans la tête ! De 11 h à 12 h, des modifications hormonales interviennent et épuisent les enfants. La décontraction postprandiale fait que la première heure de l’après-midi est également perdue. Finalement, l’acuité intellectuelle se réveille vers 16-17 heures, quand les enfants rentrent chez eux ! » (3) Pour le Dr Martha Merrow, « commencer l’école vers 10 heures (donc 8 heures solaires) améliorerait l’apprentissage. »
Le Pr Roenneberg confirme le ressenti de la population quant à son mal-être dans la vie quotidienne, en déclarant : « Notre horloge centrale, qui prépare notre corps pour qu’il soit actif en fonction de l’heure de la journée et de la demande en énergie, ne s’adapte pas à l’avancement de l’heure : elle demeure à l’heure normale du fuseau horaire. » (4)
Tant de souffrances inutiles qui ont, hélas, un coût humain et financier… Beaucoup d’argent, dont les familles ont grand besoin, est gaspillé alors qu’il leur est demandé de faire d’importantes économies, notamment en matière de santé.
Des échanges de courrier
Voici ce qu’écrivait, en 1990, le Pr René Loubet à Ségolène Royal, alors députée des Deux-Sèvres :
« Madame la députée,
Permettez-moi de vous féliciter et de vous donner tout mon appui pour la campagne que vous menez actuellement contre l’heure d’été.
Comme une majorité de mes confrères, je reconnais chaque année, sur moi-même, sur de nombreux malades et dans mon entourage, les effets néfastes de ce décalage horaire que rien ne justifie et que tout condamne, du moins sur le plan de la physiologie. »
La Méridienne, association pour le rétablissement de l’heure méridienne, a donc écrit à Mme Ségolène Royal, en avril dernier, dès sa nomination au Gouvernement en tant que ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, puisqu’elle a toujours été favorable à l’abandon du système d’heure d’été en France.
Mme Ségolène Royal l’a aimablement redirigée vers la sous-direction Efficacité énergétique et Qualité de l’air, au sein de son ministère. Dans sa réponse, M. Loïc Buffard, sous-directeur de l’Efficacité énergétique et de la Qualité de l’air, écrit notamment : « Le régime actuel ne constitue pas un sujet de préoccupation dans les Etats membres et n’a pas d’impact négatif sur les secteurs économiques. »
Or, dans notre fuseau géographique commun de l’Europe de l’Ouest, en 1996, l’Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal n’ont pas ou plus voulu appliquer ce système de l’heure d’été double GMT + 2, afin de garantir la sécurité et la réussite de leurs écoliers.
De même maintenant, les Espagnols, par la voix de leurs députés, demandent le retour à l’heure de Greenwich pour dormir mieux, travailler mieux, vivre mieux. En effet, le Parlement espagnol confirme : « Entre autres méfaits, une heure trop avancée nuit au sommeil des Espagnols (horloge centrale) et à leur économie. »
Dans le fuseau n° 1, on sait également que les Allemands n’apprécient pas l’heure d’été, alors qu’ils n’ont qu’une seule heure d’avance sur le soleil, l’été, contrairement à nous qui sommes pénalisés par 2 heures de décalage ! En 2013, une pétition lancée par un médecin allemand a recueilli 55 000 signatures contre l’heure d’été. En avril 2014, la CDU d’Angela Merkel a voté pour l’abolition de l’heure d’été européenne aux motifs suivants : « Trop chère (énergie), compliquée, inutile ! »
C’est pourquoi, en raison des multiples effets pervers avérés de ce dispositif horaire, constatés et dénoncés par nos voisins européens, dans une nouvelle lettre, La Méridienne demande à M. Loïc Buffard de réparer cette erreur historique en ne changeant pas d’heure au printemps 2015 et en alignant notre heure, dans un premier temps, sur celle du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Portugal, qui sont à GMT + 1 l’été, dans notre fuseau géographique commun de l’Europe de l’Ouest. (5)
Maryvonne Bauer.
Professeur en retraite, impliquée dans la vie associative (santé, bio, énergies alternatives), présidente de La Méridienne, association pour le rétablissement de l’heure méridienne, fondée en 1993 avec Jean Denis (précédent président).
1. Interview du Pr Sandler par Jean-Yves Nau, Le Monde du 21 mars 1990.
2. Pr René Loubet,directeur du centre hospitalier régional et universitaire de Limoges ,; Jean-Marie Pelt, botaniste, fondateur de l’Institut européen d’écologie, auteur de La raison du plus faible est toujours la meilleure ; Dr Marc Schwob, psychiatre à l’hôpital Necker, auteur des Rythmes du corps ; Pr Louis Arbus, directeur du laboratoire du sommeil, hôpital de Toulouse-Rangueil ; Pr Jacques Revel, directeur des services de recherche en biostratégie des comportements humains de la NASA pendant 6 ans ; Sylvie Royan-Parola, psychiatre, présidente du réseau Morphée, spécialisé dans la prise en charge des troubles du sommeil.
3. Webmagazine VousNousIls de la Casden Banque Populaire, septembre 2010.
4. Euclock 2007, étude menée par le Pr Till Roenneberg (Munich) et le Dr Martha Merrow (Pays-Bas) sur des dizaines de milliers de personnes en Europe et dans le Monde : www.euclock.org.
5. Recommandation 1432 pour le respect des fuseaux horaires européens, Conseil de l’Europe 1999.
La Méridienne
Conformément à ses statuts, La Méridienne demande instamment à l’Etat français, seul responsable du choix de l’heure légale, de respecter le système des temps universels coordonnés, en rétablissant, comme heure légale dans notre pays, l’heure normale GMT, soit : l’heure solaire moyenne de notre fuseau horaire de l’Europe de l’Ouest. L’heure légale fait partie des repères essentiels dans l’organisation de toutes les activités de la société car elle influe directement sur tous les horaires. La référence à respecter est celle du fuseau horaire, référence en vigueur sur toute la planète.
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