Un barrage? Pas n’importe où et pas à n’importe quel prix.

Lettre ouverte de Patrick Rossignol, maire et agriculteur

Les derniers évènements du dimanche 1er février 2015 auxquels j’ai assisté et au cours desquels j’ai subi menaces et actes de vandalisme, m’incitent à m’exprimer, non pour régler des comptes, mais pour clarifier ma position au regard de chacun.

Le projet de retenue de Sivens, à l’origine, ordinaire projet départemental, a pris une ampleur nationale. Ces derniers mois j’ai eu à prendre position quant à l’évolution politique donnée à ce projet. Ma réaction repose sur mes fonctions de maire, d’agriculteur et de citoyen.

Ma vision a évolué depuis la fin août concernant la retenue de Sivens. Auparavant je regardais la contestation de ce projet de barrage avec un certain recul, affirmant que l’agriculture avait besoin de retenues d’eau. J’imaginais les opposants, un peu trop pinailleurs et radicaux dans leur prise de position, refusant systématiquement tout projet de barrages. Pour un grand nombre il n’en est rien. Avant tout, à Sivens, c’est le lieu et l’importance donnée au projet qui sont contestés. Avec raison me semble-t-il, surtout après avoir lu le rapport des experts du mois d’octobre.
Fin août, de par mes fonctions de maire, j’ai été choqué par la violence qui s’est mise en place à Sivens . L’idée que des forces de l’ordre soient utilisées contre des jeunes (et des moins jeunes), pour réaliser un projet qui attendait depuis des années et donc pouvait attendre encore un peu, me semble totalement inacceptable.

Cette jeunesse a un idéal de nature et s’oppose à notre société matérialiste et de consommation. Parmi ces jeunes il peut ou pourrait y avoir nos enfants ou petits enfants. Nous sommes nombreux à avoir eu notre propre période de contestation vis à vis de nos parents et (ou) de la société. Nous sommes tous critiques sur notre société actuelle en crise, la façon de la gérer. Alors pourquoi cette contestation nous deviendrait-elle intolérable et dangereuse au point d’être réprimée par la force et la violence?…
Je sais que certains « jeunes » sont violents dans leurs revendications et cela n’est pas acceptable. Mais ils sont minoritaires. L’envoi de gendarmes sur le site de Sivens a provoqué la venue de personnes à la recherche de sensations que procure la “guérilla”. Si la décision d’envoyer des forces de l’ordre n’avait été prise, ces “radicaux” ne seraient pas venus et il n’y aurait eu ni casse, ni violence! La preuve en est faite entre l’ambiance constatée lors du weekend du 25/26 octobre (un mort et des blessés parmi les gendarmes et les manifestants) et celle du dimanche 2 novembre. Le dimanche 2: pas de force l’ordre, pas de casseurs, pas de violence!…
J’ai du mal à imaginer qu’un élu puisse ignorer les risques de violence occasionnée par la présence de gendarmes. Qui a pu décider d’envoyer les forces de l’ordre alors qu’il n’y avait strictement rien à protéger? Il n’y avait ni mise en danger de personnes, ni de matériel. Malgré ce que certains laissent penser, les inquiétudes et les troubles occasionnés par l’occupation du site n’ont pas créé de mise en danger avant la présence des forces de l’ordre.

Aussi le fait que des élus départementaux, et non des moindres, aient soutenus la décision de l’utilisation de la force m’a choqué et révolté. C’était dans le cas de Sivens totalement irresponsable. Je ne pourrais admettre que cela se passe sur ma commune! Je ne peux comprendre comment on peut prendre le risque d’avoir des blessés (manifestants ou gendarmes) et maintenant un mort, juste pour imposer un projet de petite retenue mal étudié.

Certains au Conseil Général, à l’Agence de l’eau savaient très bien, depuis des années, que l’étude fournie était douteuse. Lors du vote par le Conseil Général, j’ai le sentiment que peu d’élus étaient correctement informés, avaient lu l’étude, écouté les critiques émises, étaient allés sur le terrain… Élu moi même, je sais combien il est difficile de maîtriser tous les sujets sur lesquels nous devons nous prononcer. Nous n’avons pas le temps de lire attentivement toutes les études (de gros « pavés » complexes et peu digestes) que nous devrions étudier avant un vote. Parfois nous nous positionnons en confiance. J’aurais peut-être moi-même voté pour ce projet. Je me serais trompé. Mais depuis, combien se sont remis en question et sont allés à la rencontre des opposants ces derniers temps? Y aurait-il par fierté, un refus de renier un vote, une incapacité à reconnaître que certains ont voté sans fouiner, voire lire le dossier?
Alors, même si la décision est légale et démocratique, sachons reconnaître nos erreurs et les rectifier. Nos électeurs nous en seront reconnaissants. Mais certains élus ont tendance à confondre légitimité et légalité…
Montagnard professionnel et passionné j’ai appris qu’en montagne, parfois faire le bon choix c’est savoir faire demi-tour et rester humble…

Mesdames et Messieurs les élus départementaux qui avez voté et qui soutenez ce projet j’aimerais être rassuré: Comment avez-vous pu confier ce projet à la CACG qui, auparavant et à plusieurs reprises, avait déjà démontré son incompétence, pour ne pas parler de ses irrégularités? La réalisation d’un projet ne devrait jamais être effectuée par l’organisme qui en a fait l’étude.

Comment avez-vous pu accepter un projet de retenue qui coûte 3 ou 4 plus cher que la moyenne des autres réalisations similaires? Le lac de Belleserre auquel je suis rattaché est loin d’avoir coûté ce montant. Sous prétexte de contrat de concession d’aménagement il semblerait qu’il n’y ait pas eu de mise en concurrence pour la réalisation de cette opération de construction. Je ne suis pas sûr que votre décision soit considérée comme de la bonne gestion de financement public.

Comment pouvez-vous engager un projet sans avoir l’assurance du financement global? La part de financement européen paraît bien aléatoire. Qui va payer? Peu d’agriculteurs s’engageront si le revenu de leur production ne permet pas de couvrir la charge de la redevance eau qui leur sera réclamée. On ne peut accepter des déficits chroniques dans la gestion de tels ouvrages. Alors à quoi servira ce barrage? Même taille, même but, même exploitant, même maître d’oeuvre, même redimensionnement, le barrage de Sivens a beaucoup de points communs avec son voisin de Fourogue, baignant dans l’illégalité. On nous annonce qu’après quinze années d’exploitation, la CACG déplore à Fourogue un déficit global de 420 000 euros.

Comment avez-vous pu être sourds à certaines remarques concernant le lieu d’implantation de la retenue? Sachant la zone sensible écologiquement, le projet coûteux de par sa configuration et la nature du sol, il semble évident que d’autres lieux et aménagements auraient pu être envisagés.

Comment avez-vous pu laisser la violence s’installer sur le site? La présence de gendarmes ne pouvait qu’engendrer de la violence. Elle n’était pas nécessaire. Certains ont parlé de provocation, d’autres de la nécessité de démonstration de fermeté en période électorale (sénatoriales). L’image des élus ne peut qu’en ressortir ternie…
Comment pensez-vous soutenir de futurs projets hydrauliques? En renvoyant la décision de poursuite des travaux au niveau national et vu la médiatisation des confrontations, il sera difficile de déposer d’autres projets, dans l’avenir. Quand certains tentent d’apaiser et inciter les parties à négocier, d’autres parmi vous relancent la polémique. Pensez -vous ainsi vraiment aider l’agriculture?

Par ailleurs, je n’ai pas admis que le Président de l’Association des maires incitent tous les élus du département à participer à la manifestation du 15 novembre. Chaque élu était apte à choisir s’il décidait de participer en tant que citoyen. Le fichier de l’association des maires n’aurait jamais du être utilisé pour ce type de message et encore moins être rendu public. Je ne sais pas si c’était une initiative personnelle du Président mais l’heure n’était pas à attiser le conflit. Des écharpes tricolores n’auraient pas dues apparaître… Je ne manifesterai personnellement avec une écharpe que pour défendre ma commune ou des valeurs humaines et citoyennes.

Producteur de maïs et irriguant, je comprends (avec quelques réserves…) la prise de position de certains syndicalistes afin de défendre notre profession. En effet, même si les besoins ont évolué, il est encore nécessaire de créer des réserves d’eau. Et mieux vaut des lacs collinaires que de pomper dans la nappe phréatique. Mais cela n’empêche pas de réfléchir à une meilleure gestion de l’eau, une valorisation de l’existant parfois sous-utilisé, à des économies. Par respect du droit de manifester et de s’exprimer, j’ai pu admettre l’organisation d’une manifestation par des organisations agricoles pour défendre le projet de Sivens, pourtant je continue à penser que le projet ne peut être défendu en l’état de sa présentation d’origine. Il est étonnant de dénoncer la présence «d’étrangers» au Tarn, des zadistes, alors que les pro-barrages ont fait venir des gens de tout le Grand Sud-Ouest pour faire nombre à Albi!
Chaque jour, chaque camp s’apprête à en découdre. Les rumeurs et les menaces sont quotidiennes. Si certains « casseurs-radicaux » sont indéfendables, les dernières exactions de « miliciens pro-barrage », toute une journée et sans impunité, en plein coeur de Gaillac sont intolérables. Les zadistes sont devenus les « Roms » de la vallée du Testet. Il est étonnant de constater ce besoin de boucs émissaires pour compenser une frustration, pour certains et l’utilisation de boucs émissaires par d’autres par besoin d’auto-préservation. Hostilités, frustrations, persécutions groupales ne peuvent que provoquer l’agressivité avec des comportements inacceptables.

Je sais, pour le vivre, que toutes les contraintes, normes, décrets imposés à l’agriculture deviennent insupportables. Beaucoup de petites exploitations seront incapables d’assumer ces contraintes et seront amenées à disparaître. On va encore favoriser l’agrandissement jusqu’à céder la place à des sociétés de capitaux, au détriment des structures de types familiales. Les agriculteurs passionnés par leur travail, honnêtes dans leur convictions se sentent méprisés. Il est difficile d’être montré du doigt quand on pense bien faire. Mais si un certain ras le bol est exprimé faut-il pour autant, développer un corporatisme défensif? Affirmons et défendons, plutôt, l’idée que nous sommes aptes à “Produire pour nourrir les Hommes, avec des exploitations à taille humaine nombreuses et rentables, selon des techniques respectueuses de l’environnement, des animaux d’élevage et de la santé des consommateurs, riverains et producteurs.”. Phrase tirée d’un tract de la Coordination Rurale que nous sommes sûrement nombreux à revendiquer sans être adhérent à ce syndicat.

Après la 2ème guerre mondiale la profession agricole a su prouver sa capacité à s’organiser. L’organisation professionnelle agricole a été en son temps remarquable. L’agriculture a su évoluer techniquement comme peu de profession. Elle a su répondre à la demande « produire pour tous, suffisamment et au moindre coût ». Désorganiser la profession agricole peut laisser la porte ouverte à des multinationales qui produisent et importent à bas coût des produits médiocres. Perdre son autonomie alimentaire peut conduire un pays à gérer des « émeutes de la faim »… Mais nous n’en sommes pas là… Pour que notre pays conserve une autonomie alimentaire et des prix de denrées raisonnables notre agriculture doit être performante, raisonnée et aidée. Il en va de l’intérêt collectif.

Maintenant une prise de conscience sur l’avenir de notre planète s’exprime. Nous sommes tous conscients que des modifications de comportements, de production et de consommation sont inévitables et nécessaires. L’économiste américain Kenneth Boulding a prononcé cette phrase restée célèbre : « Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » En effet comment peut-on imaginer que la dégradation du « capital naturel » peut être indéfiniment compensée par la production de « capital artificiel »?
Il nous faut admettre qu’il y a une part de plus en plus importante de nos concitoyens qui a besoin d’être rassurée sur son environnement, son alimentation, son avenir. Il est incontestable que certaines craintes environnementales et arguments scientifiques ont de quoi tous nous inquiéter.

Restons à l’écoute. Nous sommes minoritaires et par des positions radicales nous perdrions des soutiens.
Nous les agriculteurs nous devons nous préparer à produire autrement. Et nous sommes sûrement aptes à produire différemment si la demande est effective. Nous pouvons expliquer qu’aucun agriculteur n’a du plaisir à utiliser une cuve à désherber sachant qu’il est le premier à s’intoxiquer.

Mais il est évident que si le consommateur souhaite des produits d’une qualité autre, il faudra qu’il en accepte le coût et les contraintes. Il ne doit pas ce contenter de remplir son panier de quelques produits « bio » et faire ensuite le plein de produits « conventionnels » dans son caddie…

Soyons honnêtes: pour des raisons politiques (refus de se renier, copinage, période électorale…) certains ont voulu passer en force, la stratégie a été mauvaise. Je pense que le Tarn, la profession agricole, l’image des élus se seraient bien passés de cette publicité!

Sur ce projet de Sivens (et d’autres aménagements aussi discutables) il y a des visions différentes, certaines peuvent être opposées mais d’autres négociables. Il faut accepter de débattre. Débattre ne veut pas dire nier les besoins en eau de la région.
Et maintenant si nous voulons voir se libérer les terrains occupés par la ZAD il serait bon d’accepter et d’affirmer clairement que les travaux sont suspendus et le projet revu. Le doute persiste, crée une méfiance et ouvre la porte aux casseurs en tout genre. Et pour ne pas me limiter à la critique, je veux bien servir d’intermédiaire, si toutefois je peux être utile.

Je comprends la difficulté à gérer une telle situation. Mais au risque d’offusquer certains, j’ai envie de dire à nos élus, dirigeants départementaux, toutes structures confondues: “Arrêtons la provocation, cessons de jouer les gros bras, remisons un peu de notre fierté et discutons dans l’intérêt général!” Et surtout ne générons pas la violence. C’est contre cette violence que j’interviens dans le débat.

Patrick Rossignol

Algues vertes: des avancées notables au bout d’un combat juridique de cinq ans

Lors de l’assemblée annuelle de l’association Sauvegarde du Penthièvre, Claude Lesné médecin et universitaire rennais, « Docteur algues vertes » comme aime à le nommer André Ollivro, nous a retracé les péripéties juridiques de ce dossier, le long combat des militants qui tentent depuis déjà cinq ans de faire reconnaitre par la Justice et l’État français, du décès de Thiérry Morfoisse pour cause d’accident en maladie professionnelle. Un reportage entretien en « vulgarisation » scientifique qui démontre de la pertinence du travail associatif, à rendre la justice et faire évoluer dans la réalité quotidienne du principe si cher à la Ministre Ségolène Royal, militante de la démocratie participative s’il en est (était ?)!

Un bref portrait de Claude Lesné.

Le chercheur rennais, spécialiste des polluants aériens, alerte depuis plusieurs années sur les dangers liés à la décomposition des algues vertes. Quand un cheval a trouvé la mort sur la plage d’Hillion, dans les Côtes d’Armor, l’universitaire rennais Claude Lesné, docteur en santé publique, a affirmé sans détour que la cause était les émanations toxiques des algues vertes.

Longtemps chercheur au CNRS, spécialiste des polluants aériens, il a beaucoup travaillé sur l’amiante. « En 1981, on savait suffisamment de choses pour décider de cesser la production d’amiante dans l’industrie. Il a fallu attendre vingt ans. » En 2008 les associations qui dénoncent depuis une quarantaine d’années ce désastre écologique, lui demandent de se pencher sur la prolifération des algues vertes et des risques d’inhaler de l’hydrogène sulfuré qui émane de ces pollutions en décomposition.

Claude Lesné « Les algues vertes en décomposition dégagent de l’hydrogène sulfuré, un gaz dont la toxicité est connue depuis 1700 ! S’insurge le médecin. A cette époque, les égoutiers présentaient les mêmes symptômes que les ramasseurs d’algues vertes aujourd’hui : yeux qui piquent, impression de brouillard et plus grave, risque de perte de connaissance. Un diagnostic de ces signes cliniques suffit pour savoir qu’il s’agit d’une intoxication due à l’hydrogène sulfuré. Si on demande des analyses complémentaires, c’est uniquement pour des raisons politiques. »

Pour que l’Etat fasse son travail correctement, la mobilisation du plus grand nombre reste encore la meilleure option, pour la santé, la sérénité et que la Famille Morfoisse puisse retrouver l’apaisement d’un deuil réparé.

Heure d’hiver : pourquoi la conserver au printemps prochain

Ne pas changer d’heure au mois de mars prochain nous permettrait, sans nul doute, de mieux dormir afin de vivre mieux et de travailler mieux. Selon l’association pour le rétablissement de l’heure méridienne, c’est la première réforme, urgente et indispensable, à faire en France !

En 1884, selon la convention de Washington, le système des 24 fuseaux horaires des temps universels coordonnés (TUC) a été adopté pour ordonner et harmoniser les heures légales dans les différents pays de la planète et faciliter les communications.

En 1916, dans les pays industrialisés fut institué le régime de l’heure d’été une partie de l’année. En France, le retour à notre heure GMT (méridien de Greenwich) se faisant en septembre. Mais en septembre 1945, la France a gardé l’heure GMT + 1 toute l’année.

Au printemps 1976, le Président de la République, M. Valéry Giscard d’Estaing, a rajouté une seconde heure d’été au lieu de revenir à l’heure de référence de notre fuseau horaire de l’Europe de l’Ouest.

Si bien qu’étant déjà à l’heure GMT + 1 toute l’année, nous vivons depuis, 7 mois sur 12, avec un décalage arbitraire de 2 heures par rapport au soleil.

Des conséquences sur l’environnement

La pollution photo-oxydante, composante préoccupante de la pollution de l’air, résulte surtout de l’action du rayonnement solaire sur les hydrocarbures, émis par les activités humaines (trafic routier, aérien…). Elle a pour conséquence la formation d’oxydants, surtout d’ozone (O3), puissant gaz à effet de serre, et de nitrate de péroxyacétyle (PAN).

Ce type de pollution entraîne troubles respiratoires, migraines, irritation des yeux, baisse des performances physiques et cause plus de 30 000 décès par an pour un coût annuel de 670 euros par personne (source OMS). Il contribue aussi pour une large part au dépérissement des écosystèmes forestiers et à la dégradation de l’environnement et nous vaut régulièrement de lourdes astreintes de la part de Bruxelles.

L’Agence pour la qualité de l’air (AQA, devenue Ademe) a également pointé la pollution photo-oxydante sous l’angle de l’heure d’hiver et de l’heure d’été par rapport à l’heure solaire. Les études du Pr Jean-Claude Déchaux, commandées sur l’argent public par l’AQA, ont démontré que l’adoption de l’heure d’été, en déplaçant les périodes de trafic routier et aérien, quand l’ensoleillement est maximal et en l’absence de vent, entraîne un accroissement net de la formation d’ozone et des oxydants photochimiques associés.

Lors de la parution de ces travaux, le Congrès mondial pour la pureté de l’air de Montréal confirmait en 1992 : « L’utilisation de l’heure solaire serait en ce sens très bénéfique, diminuant notamment l’ozone de 22 % par rapport aux valeurs calculées en heure d’hiver. […] C’est une véritable pénalité d’utiliser l’heure d’été […] de l’argent est gaspillé. […] Il nous paraît inutile et dangereux de vouloir pérenniser cet usage. » (Valeurs dépassées en 2014.)

C’est pourquoi l’assertion des gouvernements successifs pour justifier l’heure d’été, « il s’agit de faire correspondre au mieux les heures d’activités humaines avec les heures d’ensoleillement », est tout simplement incompréhensible !

Des conséquences sur la santé

Privation de sommeil, d’où sautes d’humeur, fatigue, stress, burn-out, perte de repères dans le temps et de l’envie d’entreprendre, surmédicalisation, absentéisme, accidents du travail et de la route, impact négatif sur la productivité, échec scolaire… la liste est longue.

Dès son application, la double heure d’été fut controversée par de nombreux médecins et scientifiques quant à ses effets négatifs, notamment sur les enfants.

Dans les années 1980-1990, le Pr Boris Sandler, pédiatre et spécialiste de néonatalogie au CHU de Bordeaux, fit une recherche systématique chez les enfants amenés en consultation : « Au départ, j’ai fait comme tout le monde, j’ai prescrit des médicaments, puis j’ai établi le rapport qu’il y avait entre ces troubles et la modification imposée de l’heure. J’ai alors conseillé aux mères de coucher leurs enfants plus tôt. Facile à dire mais difficile à faire. » (1)

Pour le Pr Sandler, « cette nouvelle maladie saisonnière de l’enfant » provoque des troubles du sommeil quasiment stéréotypés : le soir, l’enfant refuse de se coucher et le matin, il n’arrive pas à se réveiller. En résultent des troubles de l’humeur et du comportement faits d’instabilité, d’incivilité, d’agressivité essentiellement dans les cours de l’après-midi, mais aussi en fin de matinée ainsi qu’une baisse globale des résultats scolaires notée par les enseignants, avec somnolence matinale, bâillements, fatigue… »

Dans la mesure où l’on oublie de rattacher ces « symptômes » à leur cause, il n’est pas rare que les enfants fassent l’objet d’une médicalisation excessive : examens psychologiques, examen médical, examens de laboratoire, encéphalogrammes (totalement négatifs), administration de tranquillisants et de fortifiants (totalement inefficaces, voire dangereux) !

C’est le même constat qu’ont fait le Pr René Loubet (« Je reconnais chaque année les effets néfastes de ce décalage horaire que rien ne justifie et que tout condamne, consommation médicale supplémentaire, prescription de tranquillisants, d’hypnotiques, de tonifiants. »), Jean-Marie Pelt (« Non à l’heure folle »), le Dr Marc Schwob (« Les méfaits de l’heure d’été »), le Pr Louis Arbus (« Est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle ? »), le Pr Jacques Revel (« Un rythme biologiquement très mauvais »), la psychiatre Sylvie Royan-Parola (« Les enfants, personnes âgées, grands anxieux ont du mal à se recaler. »), etc. (2)

De la crèche au lycée, la journée marathon de nos enfants débute souvent avant l’aube. Au printemps et en octobre, c’est pire : ils se lèvent de nuit comme en plein hiver, vers 6 h-6 h 30, heure d’été, soit en réalité à 4 h-4 h 30 solaire !

Les effets du réveil précoce

Suite au réveil précoce, les élèves sont privés d’une bonne partie de sommeil paradoxal dans les derniers cycles du sommeil du matin où le rêve joue un rôle capital de défoulement salutaire, indispensable pour la réparation de la fatigue intellectuelle. De plus, c’est bien sûr, dès leur réveil que les élèves ont besoin de la lumière naturelle du jour pour être en forme, de bonne humeur pour la journée qui commence. Le réveil spontané est donc une mesure de salut scolaire !

Concernant les rythmes scolaires actuellement pratiqués en France, l’avis du médecin psychiatre Boris Cyrulnik est éloquent : « Il faudrait modifier complètement le rythme de la journée. La première heure de la matinée est inutile, les enfants ont un pyjama dans la tête ! De 11 h à 12 h, des modifications hormonales interviennent et épuisent les enfants. La décontraction postprandiale fait que la première heure de l’après-midi est également perdue. Finalement, l’acuité intellectuelle se réveille vers 16-17 heures, quand les enfants rentrent chez eux ! » (3) Pour le Dr Martha Merrow, « commencer l’école vers 10 heures (donc 8 heures solaires) améliorerait l’apprentissage. »

Le Pr Roenneberg confirme le ressenti de la population quant à son mal-être dans la vie quotidienne, en déclarant : « Notre horloge centrale, qui prépare notre corps pour qu’il soit actif en fonction de l’heure de la journée et de la demande en énergie, ne s’adapte pas à l’avancement de l’heure : elle demeure à l’heure normale du fuseau horaire. » (4)

Tant de souffrances inutiles qui ont, hélas, un coût humain et financier… Beaucoup d’argent, dont les familles ont grand besoin, est gaspillé alors qu’il leur est demandé de faire d’importantes économies, notamment en matière de santé.

Des échanges de courrier

Voici ce qu’écrivait, en 1990, le Pr René Loubet à Ségolène Royal, alors députée des Deux-Sèvres :

« Madame la députée,

Permettez-moi de vous féliciter et de vous donner tout mon appui pour la campagne que vous menez actuellement contre l’heure d’été.

Comme une majorité de mes confrères, je reconnais chaque année, sur moi-même, sur de nombreux malades et dans mon entourage, les effets néfastes de ce décalage horaire que rien ne justifie et que tout condamne, du moins sur le plan de la physiologie. »

La Méridienne, association pour le rétablissement de l’heure méridienne, a donc écrit à Mme Ségolène Royal, en avril dernier, dès sa nomination au Gouvernement en tant que ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, puisqu’elle a toujours été favorable à l’abandon du système d’heure d’été en France.

Mme Ségolène Royal l’a aimablement redirigée vers la sous-direction Efficacité énergétique et Qualité de l’air, au sein de son ministère. Dans sa réponse, M. Loïc Buffard, sous-directeur de l’Efficacité énergétique et de la Qualité de l’air, écrit notamment : « Le régime actuel ne constitue pas un sujet de préoccupation dans les Etats membres et n’a pas d’impact négatif sur les secteurs économiques. »

Or, dans notre fuseau géographique commun de l’Europe de l’Ouest, en 1996, l’Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal n’ont pas ou plus voulu appliquer ce système de l’heure d’été double GMT + 2, afin de garantir la sécurité et la réussite de leurs écoliers.

De même maintenant, les Espagnols, par la voix de leurs députés, demandent le retour à l’heure de Greenwich pour dormir mieux, travailler mieux, vivre mieux. En effet, le Parlement espagnol confirme : « Entre autres méfaits, une heure trop avancée nuit au sommeil des Espagnols (horloge centrale) et à leur économie. »

Dans le fuseau n° 1, on sait également que les Allemands n’apprécient pas l’heure d’été, alors qu’ils n’ont qu’une seule heure d’avance sur le soleil, l’été, contrairement à nous qui sommes pénalisés par 2 heures de décalage ! En 2013, une pétition lancée par un médecin allemand a recueilli 55 000 signatures contre l’heure d’été. En avril 2014, la CDU d’Angela Merkel a voté pour l’abolition de l’heure d’été européenne aux motifs suivants : « Trop chère (énergie), compliquée, inutile ! »

C’est pourquoi, en raison des multiples effets pervers avérés de ce dispositif horaire, constatés et dénoncés par nos voisins européens, dans une nouvelle lettre, La Méridienne demande à M. Loïc Buffard de réparer cette erreur historique en ne changeant pas d’heure au printemps 2015 et en alignant notre heure, dans un premier temps, sur celle du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Portugal, qui sont à GMT + 1 l’été, dans notre fuseau géographique commun de l’Europe de l’Ouest. (5)

Maryvonne Bauer.

Professeur en retraite, impliquée dans la vie associative (santé, bio, énergies alternatives), présidente de La Méridienne, association pour le rétablissement de l’heure méridienne, fondée en 1993 avec Jean Denis (précédent président).

1. Interview du Pr Sandler par Jean-Yves Nau, Le Monde du 21 mars 1990.

2. Pr René Loubet,directeur du centre hospitalier régional et universitaire de Limoges ,; Jean-Marie Pelt, botaniste, fondateur de l’Institut européen d’écologie, auteur de La raison du plus faible est toujours la meilleure ; Dr Marc Schwob, psychiatre à l’hôpital Necker, auteur des Rythmes du corps ; Pr Louis Arbus, directeur du laboratoire du sommeil, hôpital de Toulouse-Rangueil ; Pr Jacques Revel, directeur des services de recherche en biostratégie des comportements humains de la NASA pendant 6 ans ; Sylvie Royan-Parola, psychiatre, présidente du réseau Morphée, spécialisé dans la prise en charge des troubles du sommeil.
3. Webmagazine VousNousIls de la Casden Banque Populaire, septembre 2010.
4. Euclock 2007, étude menée par le Pr Till Roenneberg (Munich) et le Dr Martha Merrow (Pays-Bas) sur des dizaines de milliers de personnes en Europe et dans le Monde : www.euclock.org.
5. Recommandation 1432 pour le respect des fuseaux horaires européens, Conseil de l’Europe 1999.

La Méridienne

Conformément à ses statuts, La Méridienne demande instamment à l’Etat français, seul responsable du choix de l’heure légale, de respecter le système des temps universels coordonnés, en rétablissant, comme heure légale dans notre pays, l’heure normale GMT, soit : l’heure solaire moyenne de notre fuseau horaire de l’Europe de l’Ouest. L’heure légale fait partie des repères essentiels dans l’organisation de toutes les activités de la société car elle influe directement sur tous les horaires. La référence à respecter est celle du fuseau horaire, référence en vigueur sur toute la planète.

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Prix national “Arbre durable, Patrimoine & Biodiversité”

Règlement©

Edition 2015

Objet
Le prix « Arbre durable, Patrimoine & Biodiversité© » est indépendant de toutes organisations syndicales, professionnelles et politiques ainsi que de toutes autres reconnaissances déjà existantes. Enfin un bol d’air frais !

Une première en France, enfin un prix pour valoriser et encourager des initiatives exemplaires, innovantes et écologiques. Enfin un prix pour mettre l’arbre à l’honneur, effectivement il en existe d’autres qui selon nous sont beaucoup trop restrictifs quand à la sélection des candidatures. Une démarche sera récompensée et non une structure.

Arbre durable : Gestion écologique et gestion durable vont de pair et sont indissociables (pour nous en tous cas !). Réapprendre à vivre au quotidien avec nos puits à carbone, l’éducation à l’environnement est la clé voûte.

Patrimoine : Il peut s’agir de patrimoine bâti, culturel ou végétal. Les plantes font partie de notre patrimoine vivant et commun. La diversité végétale est indispensable avec notamment l’utilisation d’espèces oubliées ou méconnues.

Biodiversité : La faune et la flore doivent être favorisées, cela passe par l’abandon des molécules de synthèses, et l’utilisation de préparations naturelles à base de plantes.

3 types de démarches :

– Espaces verts aménagés

– Espaces verts naturels

– « outils » pédagogiques ou de sensibilisation

4 catégories :

– jardins privés et châteaux : (1 lauréat + mention spéciale du Jury)

– associations (et structures privées) : (1 lauréat + mention spéciale du Jury)

– entreprises : (1 lauréat + mention spéciale du Jury)

– collectivités (et structures publiques) : (1 lauréat + mention spéciale du Jury)

De nombreux lots de qualité et écologiques sont à gagner !

Thème : « L’Arbre à l’honneur ! »

Inscription

L’inscription s’effectuera du 17 Février 2015 au 1er Juin 2015 à minuit (cachet de la poste faisant foi). Le dossier d’inscription doit être complété avec précision (un dossier par démarche présentée). Toute inscription sans règlement sera immédiatement rejetée. Toute structure désireuse de s’inscrire doit obligatoirement s’acquitter des frais d’inscription (60€ TTC/démarche présentée). Aucun remboursement ne sera effectué en cas de désistement.

Conditions

La structure qui candidate doit obligatoirement être propriétaire et/ou gestionnaire d’espaces verts ou participer activement à la sauvegarde de notre patrimoine ainsi qu’à sa valorisation et à sa transmission (événements, guide pédagogique, ateliers, animations…). La démarche présentée devra avoir débuté au 1er Juin 2015 (au plus tard), ne pas dater de plus de 5 ans et être toujours “d’actualité.” Respecter le thème de l’édition 2015 est primordial : « l’Arbre à l’honneur ! ©»

Pré-sélection

La pré-sélection se fera uniquement sur dossier entre 1er Juin 2015 et le 15 Juin 2015. Le jury de pré-sélection étudiera chaque présentation de façon anonyme pour des raisons de transparence et d’impartialité. En cas de pré-sélection, la structure s’engage à verser la somme de 190€ TTC/démarche pré-sélectionnée au plus tard le 1er Juillet 2015 (frais de publicité et de déplacement) faute de quoi la démarche serait exclue du ce prix. Aucun remboursement ne sera effectué en cas de désistement.

Visite sur site

La structure dont la démarche aura été pré-sélectionnée s’engage à accueillir un évaluateur (qui ne pourra être membre du jury) entre le 15 Juin 2015 et le 15 Septembre 2015 (présentation de la démarche, visite sur site…). S’il s’avère que les informations présentes sur le dossier d’inscription étaient erronées, la structure en question serait automatiquement disqualifiée (avec interdiction de concourir à ce prix pendant 3 ans). L’évaluateur dressera un bilan de cette visite qu’il restituera au Jury.

Campagne publicitaire

Les démarches pré-sélectionnées ainsi que les lauréates bénéficieront d’une campagne publicitaire (envoi de communiqué de presse à plus de 150 journalistes « jardins », article et lien sur le Web, réseaux sociaux, « foire aux plantes en Aveyron© », dossier de presse …)

Attribution des prix

Les prix seront attribués après délibération du jury et vote à bulletin secret. Le dépouillement aura lieu le Samedi 19 Septembre 2015 (Journée Européenne du Patrimoine) à 15h00 lors de la « foire aux plantes en Aveyron© » (pré de Livinhac 12 500 St Côme d’Olt). Le jury a la possibilité de ne pas attribuer de prix ou de mention spéciale dans une ou plusieurs catégories s’il ne le juge pas nécessaire et des ex-aequo, ainsi que de créer de nouveaux prix. Le jury (nombre impair) est composé de spécialistes et d’experts dans les domaines de l’arbre, de la biodiversité, du patrimoine, de la gestion écologique… La liste des membres du jury sera rendue publique courant 2015. Les familles des membres du jury ne peuvent pas concourir à ce prix. Les démarches lauréates ne pourront pas faire l’objet de nouvelles candidatures lors des prochaines éditions de ce prix.

Remise des lots aux lauréats

La remise de lots s’effectuera courant Octobre au sein des structures lauréates. Sont à gagner 5 mois à 10 mois d’assistance technique (conseils divers en espaces verts, accompagnement des projets, suivi sanitaire des arbres…), une journée de formation professionnelle continue, une conférence… (offerts par l’association Révolution Ecologique du Patrimoine Arboré) et nombreux autre lots d’une valeur totale de plus de 8 000€ ! Les lots sont ni échangeables, ni remboursables, ni payable en chèque.
Site internet
Toute l’actualité de ce prix ainsi que la présentation des démarches pré-sélectionnées et lauréates seront consultables sur le site : http://www.protectiondesarbres.org

Organisateurs

Ce prix est initié par « un plaidoyer pour l’arbre durable dans nos villes et jardins® » parrainé par le botaniste Jean-Marie PELT (président de l’Institut Européen d’Ecologie à Metz) et en partenariat avec l’association environnementale et citoyenne de protection et de défense des arbres d’ornement (Révolution Ecologique du Patrimoine Arboré). http://www.plaidoyer-arbredurable.org Les organisateurs ne peuvent pas proposer de démarche à ce prix. Toute structure, en signant sa fiche d’inscription après « Je reconnais avoir pris connaissance du règlement … » en bas de celle-ci, accepte les prescriptions du présent règlement. Aucune inscription ne pourra être prise en compte sans le dossier complété et le chèque de règlement.

Renseignements et informations au 06-42-91-80-98

ou revepatriarbo-asso@laposte.net

Règlement rédigé par l’association (loi 1901) Rêv.E.Patri.Arbo le 1er Décembre 2014 à Espalion

traitement du dossier “barrage de Sivens” par la commission européenne

Nous vous informons en urgence sur le traitement du dossier “barrage de Sivens” par la commission européenne car vous avez pu voir des informations contradictoires dans les médias hier.

La chaîne parlementaire LCP a annoncé hier mardi 18 novembre que, selon ses informations, “la commission européenne va lancer une procédure d’infraction contre la France pour violation des directives environnementales sur le projet de barrage du Tarn. La procédure pourrait être lancée cette semaine”.

Le Collectif n’est pas surpris de cette annonce car il attend une décision de la Commission européenne depuis qu’elle s’est auto-saisie à propos du barrage de Sivens suite aux questions parlementaires posées à ce sujet par l’eurodéputée Catherine Grèze à plusieurs reprises de 2011 à 2013.

Les questions parlementaires n’étant plus possibles entre l’élection européenne (25 mai 2014) et la nomination de la nouvelle Commission le 1er novembre, il n’était plus possible d’être informés par ce biais.

Nous savions que la France avait répondu le 7 mars à la Commission européenne dans le cadre de la procédure pré-contentieuse EU Pilot. Nous avons tenté en vain d’obtenir cette réponse de 8 pages auprès des services des affaires européennes dépendant du Premier Ministre.

Le Collectif avait donc pris l’initiative de contacter la Commission européenne directement fin juillet. Comme le Collectif n’est pas partie prenante dans cette procédure, il n’avait pas été possible d’obtenir des informations sur l’état de la procédure à part le fait que le dossier était toujours en cours de traitement. La Commission a par contre proposé au Collectif de lui fournir des éléments complémentaires si nous jugions cela nécessaire. Ce que nous avons fait à plusieurs reprises en août et en septembre.

Nous avions espoir que la Commission européenne lance une procédure d’infraction contre la France avant que le chantier ne redémarre en septembre mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Probablement dans l’attente d ela nomination de la nouvelle Commission.

La procédure semble donc arriver à son terme. Cependant, après vérification cet après-midi auprès des services concernés à la Commission européenne, aucune décision n’a encore été prise. Celle-ci ne peut être prise que par le Collège des commissaires. Cela est probablement une question de jours…

A noter qu’une procédure d’infraction rendrait impossible le financement européen du projet (plus de 2 millions d’euros, 21 % du financement).

Affaire à suivre très bientôt…

Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet

FAIM de JUSTICE

par Véronique Léon (Campagnes solidaires)

Partie de l’Aude le 15 octobre, la « caravane des paysans et citoyens en grève de la faim contre les 1000 vaches et pour les petits paysans exclus de la Pac » a traversé la France pendant 14 jours (1) . Les cinq grévistes de la faim, les jeûneurs solidaires de leur action sur les diverses étapes et leurs soutiens ont multiplié les rendez-vous politiques, les actions syndicales, et les rencontres jusqu’à Amiens. Tout ça sans absorber la moindre nourriture.

Un jour, ils ont fait escale chez Jacques, éleveur ovin à Pélussin dans la Loire, qui les a chaleureusement accueillis chez lui : « Avec 65 bêtes, je suis très près du plancher de 50 brebis (en dessous duquel il ne toucherait plus de soutien de la Pac, NDLR)! Je me sens totalement solidaire de leurs revendications. Dans ces régions, s’il n’y avait pas les petits troupeaux, la montagne retournerait à la friche. Or, 15 000 éleveurs en France sont concernés par cette mesure injuste ! »

Autre rencontre avec Frédérique Lagier, en Ardèche, qui sera exclue de la Pac en 2015 car elle a moins de 20 chèvres. Elle parvenait à vivre de son activité jusqu’à cette année, mais l’avenir s’assombrit puisqu’elle va devoir se passer de l’ICHN (2) . Pourtant, ses chèvres défrichent des pentes inaccessibles et contribuent à maintenir la biodiversité: « Le plus révoltant, c’est que ce sont les petits producteurs qui fournissent l’alimentation locale, de qualité, en phase avec l’agro-écologie si chère au ministre de l’Agriculture! Et ils sont menacés de disparition par cette mesure du “plancher” des aides Pac… ».

Le 12 novembre prochain, une délégation de la Confédération paysanne a rendez-vous avec la présidente du parc du Pilat pour lui expliquer ce que l’aide « plancher » pourrait permettre de faire de ce territoire : maintien de la polyculture avec
> quelques chèvres ou vaches, emploi, entretien de l’espace. Un modèle bien éloigné de l’usine à vaches d’Abbeville !

Jean Pierre, avec un petit sourire me glisse à l’oreille : « BTP signifie Bétonisation des Troupeaux Productifs, version Ramery. En plus, c’est la première usine à lait “concentré” ! » « En tant qu’Ami de la Conf’ (3) , l’accompagnement de la caravane m’a vraiment permis de comprendre la problématique. On est tous concernés par l’agriculture : la bouffe, c’est un problème de société. Je me sens investi du devoir d’informer les élus, de sensibiliser les citoyens, et de sortir les paysans de leur isolement. Chacun doit être acteur et responsable de son destin. »
Tant de chemin, tant de rencontres, mais aussi tant de colère contre la langue de bois des institutionnels! À Saint-Aignan, près de Rouen, ils sont accueillis par les « zadistes » de la ferme des Bouillons qui luttent pour sauver le site des griffes d’Auchan. Ils y croisent la caravane des cyclistes, puis repartent vers Amiens et s’arrêtent chez des militants de Novissen qui luttent localement contre l’usine à vaches. Pour résumer le problème de la répartition des aides de la Pac : il est plus facile pour l’administration de faire un chèque de 300 000 euros que 300 chèques de 1 000 euros…

(1) Le journal complet de la caravane

(2) Indemnités compensatoires pour handicap naturel

(3) http://lesamisdelaconf.org

les mises en ligne de notre aventure humaine sont términées !!!

Barrage de Sivens dans le Tarn et barrage des Plats dans la Loire : La politique d’aménagement local des rivières repart-elle à la dérive en France ?

Dans la nuit du dimanche 26 octobre, un étudiant pacifique, Rémi Fraisse, venu protester contre la construction d’un barrage sur le Tescou est mort suite au jet d’une grenade offensive par les gendarmes mobiles présents sur le chantier. Le projet de barrage de Sivens, contesté depuis l’origine par le Collectif Testet, regroupant divers acteurs de la société civile, avait pour but de développer plus encore l’irrigation, en particulier du maïs. Prévu sur la plus belle zone humide du département du Tarn, il a été lancé malgré de nombreux avis scientifiques négatifs, sans justification économique des besoins en eau. C’est aussi un ouvrage imposé au mépris de la position des organisations de conservation de la nature, plus que préoccupées par son impact sur des habitats naturels hébergeant 94 espèces protégées.

Sivens, Les Plats : un déni identique d’une gestion de l’eau qui doit changer.
images

Ce contexte de déni de la réalité, qui a conduit à une tragédie est familier à un autre collectif, le Collectif Loire Amont Vivante (CLAV). Créé en 1999 pour permettre d’améliorer la qualité du débat public sur la gestion durable des rivières de la Loire, il regroupe une dizaine d’organisations locales, régionales, nationales. Le CLAV a souligné dès 2006 et le percement pour raisons de sécurité du barrage des Plats, sur la Semène, la plus belle rivière du département, l’intérêt de ne pas reconstruire un ouvrage sans utilité avérée. Il a proposé en vain, pendant 9 ans, de coopérer avec les élus et pouvoirs publics locaux pour trouver un autre avenir à une rivière abritant elle aussi de nombreuses espèces protégées.
Lors de l’enquête publique de 2012, le CLAV a proposé une alternative, beaucoup moins chère, pour garantir l’approvisionnement en eau potable des quelques communes de la Loire et de la Haute-Loire desservies par l’ouvrage. Mais l’Etat local, à l’opposé de tout ce qui est recommandé au plan national, a préféré le passage en force à deux reprises pour imposer une reconstruction dont toutes les instances techniques, hormis la Direction Départementale des Territoires (DDT), ont dit qu’elle ne servait à rien. Un grand barrage poids en béton a donc été construit par les entreprises Stucky et Bouygues en 2013 et 2014. Il est aujourd’hui terminé, mais non encore mis en eau.

Arrêter enfin un autre « Grand Projet Inutile et Imposé », regarder vers l’avenir.
Au plan national, européen, divers textes, dont la Directive Cadre sur l’Eau, nous obligent à restaurer et protéger les milieux aquatiques. Un siècle d’aménagements lourds a en effet passablement dégradé les milieux aquatiques, avec des conséquences négatives pour la biodiversité, la qualité de la ressource, notre santé. Les grands barrages ne peuvent plus être la solution systématique à tous nos besoins. Pour s’opposer à la reconstruction d’un « Grand Projet Inutile et Imposé », le Collectif Loire Amont Vivante n’a pas choisi un mode d’opposition frontal avec l’Etat et les élus locaux. Il a préféré le travail scientifique, la sensibilisation de l’opinion, le travail juridique. Cela n’a rien donné. La défaillance de l’Etat local, le refus du dialogue des élus, l’indifférence à toute analyse économique complexe et l’ignorance de l’importance de la biodiversité ont conduit à couler des milliers de tonnes de béton inutile en plein coeur du Parc Naturel Régional du Pilat.
Cet échec collectif est grave. Il n’est pas irréversible, car le barrage est encore vide, le dommage sur la Semène
est encore très localisé. Le CLAV demande à nouveau que le barrage des Plats, Grand Projet Inutile et Imposé, ne soit pas rempli et que soient mises en place les alternatives. Il renouvelle sa proposition au Ministère de l’Ecologie de lancer rapidement une table ronde pour sortir par le haut d’une situation indigne de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques en ce début de XXIe siècle.

le PDF est visible à l’adresse

Lettre ouverte de Benoît Biteau – Vice Président de la Région Poitou-Charentes, – à Thierry Carcenac – Président du Conseil Général du Tarn

Berthegille, mardi 28 octobre 2014.

Monsieur Thierry CARCENAC, vous êtes à la fois pathétique et consternant !

Consternant, en tant que maitre d’oeuvre pour la réalisation du barrage de Sivens, sur le fond de ce dossier.
Comment peut-on porter un projet public, mobilisant 100% de crédits publics sur un projet sans se poser les bonnes questions, dès le départ ?
Le projet de barrage vient du fait que le Tescou subit, depuis 30 ans, des étiages sévères. Monsieur CARCENAC, vous êtes-vous interrogé sur les causes de ces étiages sévères et quelles évolutions de pratiques pourraient en être à l’origine ? Visiblement non, car vous auriez rapidement pu faire le lien entre ces étiages sévères et le développement important des surfaces en maïs hybride sur le bassin versant du Tescou.
Le Conseil Général du Tarn devait-il donc, face à cette situation, avec 100 % d’argent publique, accepter de réaliser, dans une fuite en avant, un équipement qui ne vient qu’en soutien de ces pratiques agricoles peu respectueuses de la ressource en eau, tant sur le plan quantitatif que qualitatif d’ailleurs, ou explorer, avec cette même enveloppe, de 8,5 millions d’euros, des alternatives à ce modèle agricole qui touche le fond ?
La réponse ne peut que trouver ses fondements dans le bon sens paysan !
Monsieur CARCENAC, vous invoquez le nécessaire soutien à ce projet au motif que cette agriculture est plus « rentable » grâce à l’irrigation.

Mais comment expliquer alors, que ces maïsiculteurs, grands bénéficiaires des aides publiques de la PAC (Politique Agricole Commune), expliquant d’ailleurs la majeure partie de la rentabilité de cette culture, ne puissent pas, au nom de cette rentabilité, financer eux-mêmes, un tel projet ?
Faisons, maintenant un peu de mathématiques.
Monsieur CARCENAC, vous expliquez que les exploitations moyennes concernées, pourraient irriguer environ 40 hectares chacune grâce au 1,5 millions de mètres cubes stockés dans le barrage de Sivens. Contrairement à ce que vous dites, la grande majorité des surfaces qui seraient irriguées grâce ce projet (cf : enquête publique) sont des surfaces en maïs ! Pour irriguer 1 hectare de maïs hydride, il est nécessaire de mobiliser, en moyenne 2 000 m3 d’eau. Ce barrage permettrait donc l’irrigation d’environ 800 hectares de ce maïs. Pour une moyenne de 40 hectares par exploitation, le projet ne peut donc que concerner environ 20 exploitations ! Ce qui signifie qu’un projet de 8,5 millions d’euros, d’argent publique, pour stocker de l’eau, ne va bénéficier qu’à 20 exploitations agricoles, parmi celles d’ailleurs les mieux dotées en aides publiques de la PAC ! Belle logique vertueuse ! En gros, sans trop caricaturer, 20 exploitations agricoles, parmi les mieux dotées d’aides publiques de la PAC, vont se voir attribuer une nouvelle aide publique indirecte d’un peu plus de 400 000 euros chacune ! 400 000 euros qu’elles ne peuvent pas financer seules et qui pourtant va servir à irriguer une plante, parait-il très rentable, à laquelle elles ne peuvent donc renoncer, et qui justifie donc la réalisation de ce barrage.

Qui parlait de bon sens paysan ?
Sur le fond toujours, Monsieur CARCENAC, vous convoquez le changement climatique, et vous avez raison, et les travaux de Garonne 2050 sur le sujet.
Ce que vous ne dites pas, Monsieur CARCENAC, c’est que ce scénario Garonne 2050, occulte, dans son analyse du changement climatique, le poids de l’agriculture dans ce changement climatique, et le rôle qu’elle peut jouer pour le limiter !
En effet l’agriculture est émettrice, en moyenne, de 20 % des gaz à effet de serre. Et ce n’est pas les moteurs des tracteurs les responsables, pas davantage d’ailleurs que les vaches qui pètent dans les prairies ! La contribution majeure de l’agriculture à la fourniture de gaz à effet de serre est liée à sa dépendance aux substances chimiques de synthèse, dérivées du pétrole, que sont pesticides et engrais azotés, dont on connait par ailleurs, les dégâts considérables dont ils sont responsables, sur cette même ressource en eau, mais aussi sur les équilibres, la biodiversité, et la santé.
Pour produire 1 kilo d’azote, il faut mobiliser 1,5 litres de pétrole. Sur un hectare de maïs, de blé ou de colza, le modèle agricole dominant apporte environ 200 à 250 kilos de cette azote de synthèse, induisant une dépendance au pétrole (et donc alimentant la fourniture de gaz à effet de serre) de 300 à presque 400 litres de pétrole par hectare, avant même d’avoir tourné la clef du tracteur !
L’agriculture occupe environ 70 % des surfaces de nos territoires et c’est une activité économique qui mobilise énormément d’argent publique via la PAC.

Ne devriez-vous pas, Monsieur CARCENAC, puisque ce changement climatique vous tracasse visiblement, accompagner, avec autant d’argent publique, un modèle agricole qui, d’une part, renonce aux substances de synthèse et qui, d’autre part, redécouvre les vertus d’une agronomie qui sait s’en affranchir en mobilisant les ressources parfaitement gratuites et inépuisables que sont, l’azote atmosphérique, le carbone, la lumière, la vie des sols, etc. etc. ?
Ne devriez-vous pas intégrer, qu’avec autant d’argent publique fléché vers cette activité économique, il est urgent de restaurer un contrat moral décent avec la société civile, avec les contribuables, et faire en sorte que ces 70 % d’espaces occupés par l’agriculture soient des espaces de séquestration du carbone, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, tant l’usage massif de ces substances de synthèse (la France reste le premier utilisateur mondial de pesticides, en dose par hectare ! source ONU) ont dévasté la vie et donc, la fertilité, et par conséquent, la faculté des sols à séquestrer le carbone ? Les prairies humides semblables à celles que vous dévastez sur le Testet sont d’ailleurs unanimement reconnues comme de remarquables puits de carbone, contrairement à la pratique du maïs, qui elle, émet du carbone ! Ces deux paramètres fondamentaux, sont parfaitement occultés dans les différents scénarii de Garonne 2050 ! Et c’est pourtant là que sont les plus grandes marges de man½uvre pour lutter contre le changement climatique, plutôt que dans une posture fataliste, passive, qui ne prend pas le sujet à bras le corps, et qui préfère les fuites en avant en tentant de résoudre des équations, impossibles à résoudre justement ! Comment pensez-vous pouvoir, au motif de ce changement climatique, pouvoir répondre à des augmentations de températures, associés à des régimes hydrographiques sévères, nécessitant l’irrigation toujours plus exigeantes des cultures vidées de toute rusticité par la sélection génétique de plantes homogénéisées et standardisées, à partir d’une ressource de plus en plus rare et pour laquelle les priorités de gestion en bon père de famille, restent, d’abord l’eau potable, ensuite le bon état des milieux et enfin l’irrigation (article 2 de la loi sur l’eau) ?

Le stockage de l’eau n’est donc pas la bonne réponse ! Même Garonne 2050 le dit !

> Savez-vous, Monsieur CARCENAC, qu’avec autant d’argent public, vous pourriez soutenir un modèle agricole, basé sur l’agronomie, apte à limiter et s’adapter au changement climatique, sachant s’affranchir des substances de synthèse (engrais & pesticides), sachant produire, oui, PRODUIRE, en s’appuyant sur des ressources parfaitement gratuites et inépuisables, préparant l’après pétrole, préservant les équilibres, les ressources et l’eau en particulier, la biodiversité (sauvage et domestique, animale et végétales), le climat et la santé ?
Que ce modèle, en respectant les capacités de la terre (avec un petit t) et la Terre (avec un grand T) à produire demain, garantit un avenir décent pour les générations futures ?
Savez-vous qu’il existe des variétés de maïs, mais aussi de tournesol, de blé, d’orge, d’avoine, et dans toutes les espèces, qu’on appelle « variétés populations » obtenues par une sélection convergente des hommes et du milieu, comme le faisaient déjà avant nous les mayas et les aztèques, il y a des millénaires, qui ont des caractéristiques techniques redoutables (fort taux de protéines par exemple) et qui permettent d’obtenir des rendements surprenants en cultures sèches, justement parce qu’elle sont parfaitement adaptées à leur zone de production, qui n’ont rien à voir avec les variétés standardisées proposées par les firmes semencières, et qui, de surcroit, redonnent aux paysans leur autonomie alimentaire, semencière et génétique ?

Savez-vous encore que l’arbre, que le modèle agricole de ces dernières décennies s’est acharné à faire disparaitre, que vous vous acharnez à faire disparaître sur la zone humide du Testet, est l’acteur central de ce modèle vertueux (agroforesterie, associant arbres et productions agricoles), qui fonctionne partout dans le monde en général, et en particulier, dans le Tarn et qui « nous garantira demain la possibilité d’atteindre la souveraineté alimentaire sur toutes les zones de la planète » (Olivier de SCHUTTER, rapporteur spécial pour l’agriculture et l’alimentation à l’ONU) ?
Que ce modèle agricole vertueux est aussi la meilleure réponse économique pour les agriculteurs eux-mêmes qui voient leurs coûts de production diminuer de façon spectaculaire tout en faisant progresser leur rendement de 40 %, en moyenne, en France (source : INRA) ?
Réalisez-vous que dans un contexte où l’argent public se fait rare, que d’autres activités sont impactées négativement par ce modèle agricole chimique, comme la pêche ou la conchyliculture sur notre littoral. Que les contribuables sont mis à contribution à hauteur de 54 milliards d’euros par an (source : Cour des comptes – 2011), pour financer le retrait dans l’eau des seules pollutions agricoles pour obtenir de l’eau potable. Qu’engager des politiques, des logiques préventives, coûtent, en moyenne, 26 à 27 fois moins que s’acharner sur les logiques curatives, comme par exemple, le stockage de l’eau qui vient en soutien de ce modèle agricole qui refuse de se remettre en cause et qui transfert le coût des dégâts de ses pratiques sur le plus grand nombre? A savoir les contribuables, comme vous le faites vous-même en finançant ce projet de barrage et qui sont déjà ceux qui alimentent l’enveloppe PAC (11,5 milliards d’euros en France), distribuées à ces mêmes agriculteurs.

Ne pensez vous pas qu’il est désormais urgent de changer, d’avoir un peu de créativité, d’audace et de courage politique pour porter avec l’argent public, les vraies bonnes solutions, celles qui allument des cercles vertueux, qui préparent l’avenir des générations futures, loin des logiques corporatistes qui aveuglent à grands coups de propagandes et nous éloignent des véritables approches globales ?

Sur la forme maintenant, Monsieur CARCENAC, vous êtes cette fois pathétique. J’ai pris le temps de rédiger ce long courrier pour que la mort de Rémi ne soit pas vaine, ne soit pas inutile. Pour vous expliquez ce que vous n’avez visiblement toujours pas compris, et que vous sachiez que ce jeune étudiant de 21 ans, lui l’avait compris et que c’est pour ça qu’il était là-bas sur place, au Testet, pour préserver l’intérêt supérieur des générations futures !
> Oui, il est mort, pour des idées, parce qu’il avait compris ce qu’en humble et modeste ambassadeur, j’essaye de vous expliquer dans ce courrier. J’aurais pu être Rémi, car je me suis également rendu sur place, où j’y ai d’ailleurs pu constater l’extrême violence des forces de l’ordre face à des militants pacifiques. Rémi aurait également pu être l’une de mes deux filles ou l’un de mes trois fils, tant ils sont également convaincus que de telles politiques publiques sont suicidaires pour les générations futures !
> Rémi, jeune toulousain étudiant en biologie de 21 ans, a donc donné sa vie pour tenter de préserver l’intérêt supérieur qu’est l’avenir des générations futures !
> Et cette mort, ne sera ni stupide, ni bête, comme vous le dites, si vous prenez maintenant conscience du message qu’il était venu porter sur la zone humide du Testet, lui et tous les nombreux autres citoyens opposants, si vous cessez immédiatement de tels travaux, si vous replantez des arbres au Testet, et si vous utilisez l’argent public du projet pour accompagner et pour soutenir une alternative agricole vertueuse, animée par une véritable approche globale, pour en faire un projet remarquable et exemplaire ! Et je suis prêt, si vous avez (enfin !) cette étincelle de lucidité, de conscience et d’humanisme, à mettre à votre service, gracieusement, en la mémoire de Rémi, de sa clairvoyance et de son engagement, mes connaissances, mes compétences, mes expériences et les réseaux capables d’accompagner un tel projet pour en garantir la réussite !

Faisons le ensemble Monsieur CARCENAC, pour qu’effectivement la mort de Rémi ne soit ni vaine, ni stupide, ni bête !

Benoît BITEAU

Parti Radical de Gauche (Secrétaire National (Agriculture) & Délégué Régional)

Sivens : lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre

Paris, le 28 octobre 2014

Monsieur le Premier Ministre,

Dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi Fraisse, 21 ans, jeune naturaliste passionné de botanique et engagé au sein du réseau associatif pour la préservation de notre environnement, membre de Nature Midi Pyrénées, FNE Midi Pyrénées et France Nature Environnement, perdait la vie sur le site du projet de retenue de Sivens, dans le Tarn.

Ce drame intervient après 2 ans de protestations et d’argumentaires que nos associations auront largement défendus et développés mais sans être entendues par les pouvoirs publics. Le pourrissement ayant résulté de ce refus du dialogue aurait pu être évité, de même que ses récentes conséquences dramatiques.

Pourquoi la réponse de l’Etat face à des manifestations pacifistes est-elle si disproportionnée comparée à celle des destructions de portiques écotaxe ou des bureaux d’une perception des impôts, ou bien encore face aux menaces de blocages des routes, trouble manifeste à l’ordre public ? S’il faut en appeler à la modération, que le message soit adressé aux forces de l’ordre ! A faire de l’écologie le bouc émissaire de la crise profonde qui mine notre pays, on envenime la situation.

Rien ne peut justifier la mort d’un homme, quel que soit son combat, mais elle est encore plus insoutenable lorsque c’est l’intérêt général qu’il défendait.

Au lendemain d’un rassemblement par ailleurs pacifique et ayant mobilisé 7000 personnes, un rapport d’experts commandé par Mme la Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie vient corroborer presque point par point l’ensemble des aberrations de ce projet que nous dénonçons depuis plus d’un an. Pourtant, ce même rapport préconise dans ses conclusions la poursuite du projet au motif qu’il serait déjà trop avancé, ce qui reviendrait à légitimer de fait une politique du passage en force et du fait accompli contraire aux principes fondamentaux de la démocratie, et, désormais, contraire à la décence la plus élémentaire.

Rien ne pourra ramener Rémi à sa famille et à ses proches. Il est encore temps, malgré tout, de faire entendre enfin un peu de bon sens et de raison à Sivens. Monsieur le Premier Ministre, vous seul avez maintenant le pouvoir d’amener l’apaisement dont ce territoire a plus que jamais besoin. En tant que mouvement associatif représentant plus de 850 000 citoyens, nous en appelons désormais à vous pour que vous vous prononciez pour l’abandon immédiat du projet de retenue de Sivens, seul moyen de permettre l’ouverture d’un processus serein de débat public et de dialogue sur les alternatives portées par l’ensemble des acteurs concernés.

Il est également et évidemment indispensable que toute la lumière soit rapidement faite sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse et que les responsables soient jugés.

L’écologie a perdu un de ses membres parce qu’elle a perdu la voix. La démocratie et le dialogue restent les meilleures des réponses face à la violence. Vous en êtes, Monsieur, le garant.

Nous vous prions, Monsieur le Premier Ministre, d’agréer l’expression de nos plus sincères salutations.

Denez L’Hostis

Président de France Nature Environnement

Jérôme Calas

Président de Nature Midi-Pyrénées

Thierry de Noblens

Président de France Nature Environnement Midi-Pyrénées

Ben Lefetey

Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet

Arrêter le chantier du barrage de Sivens dans le Tarn, rompre la spirale de la violence, reconstruire les zones humides, repenser l’agriculture !

samedi 1er novembre 2014, par Xavier Bouchet

Mort brutale de Rémi Fraisse durant le rassemblement du Testet : la peine des amis des rivières vivantes est immense

Dans la nuit du 26 octobre, Rémi Fraisse, un étudiant de 21 ans, botaniste pacifique, a perdu la vie sur le site du chantier du barrage de Sivens, sur le Tescou dans le Tarn, sans doute tué par une grenade offensive.

Sa mort brutale sème l’effroi dans la communauté des défenseurs des rivières vivantes, des zones humides, de la biodiversité. Rémi était venu, parmi des milliers d’autres, apporter son soutien à ceux qui s’opposent, dans la non-violence, depuis 2011 déjà à la construction d’un barrage au service d’un modèle d’agriculture industrielle de plus en plus décrié, ce sur la plus belle zone humide du département. Ce jeune homme était venu apporter sa fraicheur, son enthousiasme, son énergie militante pour soutenir ceux qui ont compris qu’il est urgent de construire un modèle plus participatif et moderne de gestion de la ressource en eau. Il a trouvé la mort en venant défendre la Vie, la vie des rivières, la biodiversité, une agriculture plus durable. C’est très grave.

UN GRAND BARRAGE DE TROP POUR LE MAÏS IRRIGUÉ QUI ASPHYXIE LES RIVIÈRES

Cette mort est inacceptable. Cette mort, fruit de la spirale de violence enclenchée par l’Etat local, qui a dévasté en quatrième vitesse la zone humide tout en matraquant ses légitimes défenseurs est aussi l’accident de trop dans une région dont la ressource en eau est pillée depuis 40 ans par une clique au service d’intérêts particuliers. Celle-ci fonctionne dans la plus totale opacité, et impunité, au nom d’un intérêt public confisqué et détourné. L’ancienne connivence, établie dans les années 70 entre élus locaux, institutions telles que la CACG, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne, les coopératives agricoles telles que Maïssadour, Euralis ou Lurbery avec hélas l’appui de l’Agence de l’Eau Adour Garonne, continue à imposer dans l’irrespect de la biodiversité, du monde paysan, des barrages d’hydraulique agricole par dizaines. Sivens n’est que le dernier avatar d’une série qui prévoit encore la construction de quinze autres grands ouvrages.

Rappelons que, il y a dix ans à peine, l’ouvrage contesté d’Eslourenties a noyé sous 20 millions de m3 d’eau la vallée du Gabas, dans les Pyrénées Atlantiques pour produire toujours plus de maïs industriel : toutes les rivières du sud ouest ont ainsi été mises en coupe réglée pour irriguer environ 600 000 hectares dans les bassins de l’Adour, de la Charente, de la Garonne au profit d’un modèle agricole abusivement subventionné par les citoyens français. Une cinquantaine de grands barrages, en plus de milliers de retenues collinaires ont déjà été crées, pour beaucoup d’entre eux dans les conditions de légalité approximatives, permettant de prélever, et de dégrader chaque année environ 880 millions de m3 d’eau dont la moitié ne retourne pas aux milieux naturels. Ce « vol de l’eau » au profit de quelques uns, financé par la collectivité et les consommateurs d’eau, est indigne d’une grande démocratie européenne. Il faut que cela cesse. Rapidement.

ABANDONNER DÉFINITIVEMENT LE PROJET, PASSER ENFIN À UNE GESTION DURABLE DES RIVIÈRES

A l’occasion de la sortie du rapport de la commission d’enquête reconnaissant les faiblesses criantes du projet dénoncé par le Collectif Testet, il est temps que l’Etat français retrouve ses esprits. Il doit se souvenir de la lettre du Plan Loire Grandeur Nature, lancé en 1994, qui a entériné le fait que les barrages ne sont pas la réponse à tous les problèmes de gestion de l’eau en France. Il doit se rappeler des deux rapports sur l’Eau sortis en 2013 , le Rapport du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable et Rapport Lesage, qui ont proposé une révision en profondeur de la gouvernance des agences de l’eau. Il doit se souvenir que l’engagement de la jeunesse en faveur de la conservation de la nature est une indispensable promesse d’avenir. L’Etat doit donc, sans se cacher derrière son ombre, définitivement stopper le chantier de Sivens, comme ont aussi, été arrêtés d’autres chantiers de grands barrages dans le monde, aux Etats-Unis, en Pologne, en Allemagne, en Autriche, en Espagne. Oui, il faut ouvrir les chemins neufs du dialogue avec une société civile qui ne supporte plus l’arrogance de quelques caciques locaux et d’un lobby agricole outrancier. Oui, il faut enfin écouter la partie du monde paysan qui souhaite une autre agriculture que celle qui saccage. Oui, il faut considérer que la conservation de la biodiversité est une assurance pour notre avenir à tous. Oui, il faut se souvenir de Rémi Fraisse. Aucun compromis n’est possible sur le site d’un ouvrage aujourd’hui ensanglanté.

L’EXEMPLE DE LA « LOIRE VIVANTE », FRUIT D’UNE NON-VIOLENCE PARTAGÉE

Un changement qui nait de l’intelligence collective est possible. Entre 1989 et 1994, SOS Loire Vivante a occupé pacifiquement pendant 5 années le site de Serre de la Fare, en Haute-Loire, pour afficher la détermination de la société civile face à un programme d’aménagement de grands barrages inutiles sur la Loire, « dernier fleuve sauvage d’Europe ». C’était il y a 25 ans. Il y a eu à l’époque de nombreux accrochages avec les forces de l’ordre républicain, mais jamais une violence similaire à celle déployée par l’Etat local contre les citoyens, militants, paysans, scientifiques défendant la riche zone humide de Sivens. L’Etat, à l’époque, a toujours su ménager l’espace de dialogue nécessaire que refusaient les élus locaux bornés et mal informés. En suite de la contestation, le gouvernement a définitivement abandonné les grands barrages prévus et lancé un instrument pilote de gestion durable de la Loire, le Plan Loire Grandeur Nature. Personne ne regrette ce choix, qui a permis de refonder une partie de la politique de l’eau et des fleuves en France, sauf dans le Sud Ouest. Le Plan Loire est un modèle, qui rayonne jusqu’en Chine. Faisons de même pour Sivens et au-delà, et revoyons tout le logiciel archaïque d’aménagement des rivières du Sud Ouest. Mais, pour cela, il faut d’abord que l’Etat local, la préfecture et le Conseil Général stoppent le cycle de violence qu’ils ont amorcé, en refusant depuis 2011 tout échange avec la société civile. Ils doivent annoncer rapidement l’abandon de ce projet d’un autre âge, et commencer à réfléchir, avec toutes et tous, à la réhabilitation du site.

RECONSTRUISONS, ENSEMBLE, LA ZONE HUMIDE DU TESTET !

Contacts LOIRE VIVANTE :

– Roberto Epple, Président ERN/SOS Loire Vivante, 06.08.62.12.67
– Jacqueline Thévenot, Présidente Loire Vivante Nièvre Allier Cher, 03 86 50 12 96
– Joël Herbach, Président Allier Sauvage, 06 08 17 23 58
– Jacques Zeimert, Président Sauvegarde de la Loire Angevine / Estelle Lemoine Maulny 06.01.45.47.01 (coordinatrice Loire aval pour SOS Loire Vivante)